y'a cookie! dit la petite fille, arborant un regard noir et froid envers son professeur. Elle était en CP, et détestait déjà les cours. Y'a cookie signifiait, dans son langage d'enfant tu m'emmerdes, ou va t'faire. Et le professeur le comprit bien vite, rien qu'en voyant ces petits yeux noirs le fixer. Les deux jeunes Wood se faisaient beaucoup remarquer. Étant de faux jumeaux, ils faisaient la plupart des conneries ensemble. Mais Perçy était quand même le plus raisonnable, celui qui fixait une limite à la jeune et effrontée Phoebe, sa sœur. Les deux enfants étaient nés dans une bonne famille, où la pauvreté n'était absolue pas présente. La richesse les rendait assez importants dans leur quartier. Mais la famille Wood était aussi réputée pour avoir les deux énergumènes les plus incontrôlables. Leurs parents étaient pourtant élevés comme dans le temps des bourgeois. Avec les bonnes manières, le bonjour, le au-revoir, la ribambelle de fourchette pour manger et le champagne avec modération. Mais c'est à peine si Perçy et Phoebe disaient bonjour aux gens qu'ils voyaient. Ils avaient toujours envie de prendre des risques, de désobéir aux règles et d'inventer les leurs. Et ce jusqu'à aujourd'hui, et encore pendant longtemps si vous voulez mon avis. Ils étaient toujours dans la même classe, jusqu'à ce qu'arrive le collège où ils furent séparés. Mais rien ne les empêchait de reprendre leurs habitudes en dehors des cours, pendant les pauses. Phoebe frôla plusieurs l'exclusion définitive en sixième et en cinquième, mais à partir de la quatrième elle se concentra un peu plus sur son travail, tout en continuant de toujours contredire les adultes de l'établissement et leur casser les pieds. Perçy suivit son exemple.

La vie à la maison était difficile, les deux jeunes adolescents et les parents ne s'entendaient pas, mais alors vraiment pas. Il ne pouvait pas y avoir un repas sans une engueulade ou une prise de tête. S'en était presque pénible à force. Se faire engueuler s'était plus se faire engueuler pour les deux enfants Wood, s'était juste une discussion à haute voix sans conséquences particulières qu'il ne fallait même pas écouter. Enfin bref, la vie des Wood's était donc particulièrement mouvementée grâce à ces deux mômes exaspérants.

« On a qu'à dire que c'est pas nous. » dit le jeune Perçy, un sourire aux lèvres. « J'sais pas comment tu peux être mon frère avec une intelligence aussi petite. » Tous les deux se firent silencieux, entendant des bruits de pas dans l'escalier. Sweeniye alla s'allonger sur son lit, un magasine entre les mains et Perçy alla s'asseoir devant son ordinateur, faisant semblant de taper un devoir. « Sweeniye, faut que j'te parles. » dit la mère Wood, un regard grave affiché sur son visage. La demoiselle jeta son magasine sur le sol et ses leva. « C'est encore moi qui va prendre. » chuchota-t-elle passant à côté de son frère. Ce dernier rit et la suivit. Arrivés sur la terrasse, le père les attendait, tapant impatiemment du pied. « Il est tant que vous vous trouviez une maison. » dit-il, une expression grave sur son visage légèrement ridé. « Quelle belle manière de nous foutre dehors. » « Pour une fois que j'suis d'accord avec elle. » La mère intervint en posant une main sur l'épaule de sa fille. « Perçy, tu peux rester. Mais Sweeniye non. » Aussitôt la jeune Phoebe se dégagent de la main de sa mère et regarda les trois membres de sa famille. « Tu as une mauvaise influence sur ton frère. je veux qu'il réussisse dans la vie. » « Sweeniye... » « Fermes-la toi. » répondit la jeune femme en regardant sa mère, ses yeux emplis de reproches et d'agressivité. « Je suis ta mère ! » « Tu parles, j'te tuerais pour un carambar. J'vais faire mes valises, dans ce cas-là. » Alors que la demoiselle s'enfonçait dans l'ombre de la maison, elle entendit son frère. « Je vais avec elle. »

Ils firent leurs valises ensemble, dans un silence complet et partirent le lendemain pour San Francisco. Sweeniye n'avait pas encore de boulot, mais bénéficiait de beaucoup d'argent que ses parents lui avaient donnés pour pouvoir s'installer. Ça, s'était il y a 2 ans.

La seule chose dont je me souviens bien c'est d'avoir entendu la voix de ma mère m'annoncer que mon père était mort. Elle pleurait, alors que je l'avais jamais entendu pleurer de ma vie. J'avais pas été proche de mon père - ni de ma mère d'ailleurs - mais cette annonce me fit l'effet d'une bombe. Mais j'ai pas pleuré, j'ai pas versé de larmes. Je savais pas comment réagir, je savais pas quoi dire, ni quoi faire. Alors j'ai raccroché. M. Wood venait de mourir dans les flammes. Tout ça pour, juste, un soucis de cigarette mal éteinte. C'est ridicule, une mort ridicule. L'ancienne maison des deux Wood's venait de partir en fumée. Tout comme la vie de leur mère, qui se retrouva dans un appartement minable. Même devant son cercueil, j'ai pas pleuré. J'ai jamais pleuré, et je sais pas pourquoi. Parce que j'aurais du pleurer, s'était mon père quoi. Mais j'ai hérité de son argent, s'était peut-être le seul avantage. Enfin, nous en avons hérité. Perçy n'a pleuré qu'à l'enterrement, c'est tout. Et quand je lui parle de notre père, il change de conversation, préférant fuir ce sujet. Je comprends vraiment pas.