Un whisky. Je sens mes yeux se fermer avec délice alors que l'alcool se déverse dans ma gorge en m'arrachant un râle fauve. L'alcool m'a toujours aidé à oublier les petits malheurs du quotidien, et surtout, à ne pas faire trop de conneries lorsqu'il n'est pas dans les parages ou qu'il ne veut pas de moi. J'entends des rires lourds et gras autour de moi. D'habitude, ça m'aurait rendu mal à l'aise, mais là, ça m'aide à me relaxer. Je bois, j'oublie. Comme dans les spectacles de magie que je voyais quand j'étais gosse. Un coup tu me vois, un coup tu me vois plus. Un sourire crétin se dessine sur mes lèvres alors que je commande un autre verre de whisky. Ce soir, je vais me chercher un truc à baiser. Comme ça j'oublierai Ezeckiel.

On me sert des whiskys à tout vent. Je bois comme un trou, parce que c'est tout ce que j'ai jamais su faire. J'ai l'estomac noué parce que je ne mange rien. J'ai pas envie de manger. J'ai envie qu'on me retrouve ivre mort sur la chaussée, qu'on s'intéresse un peu à moi, mais pas de manger. Quelque part, dans ma petite tête d'Anglais stupide, j'ai une hallucination : en faite, j'envoie un sms à la Reine d'Angleterre et elle vient me chercher au bar avec un carrosse royal pour qu'il m'arrive rien, et que je rentre chez moi sans encombre. Je me gausse comme un débile, à moitié défoncé par le joint qu'on vient de me vendre. Ouais. Je vais envoyer un sms à la Reine d'Angleterre, et elle viendra me voir et on discutera de sa belle-fille. Et après elle me présentera à ses petits-fils. Et je ferai divorcer Kate et William. Ouais. Bon plan, Billie.

Mes mots sont tout tremblants. J'arrive à rien, et j'ai un putain de mal de crâne. Je n'arrive même plus à lire l'heure correctement - tant pis, je demanderai au prince Harry de me la dire. J'essaye d'appuyer sur les touches de mon portable, mais mes doigts ne sont pas assez forts pour les enfoncer. Je me marre encore plus, et avale une rasade de whisky. Ca me brûle la gorge, ça me défonce l'oesophage, mais j'aime ça. Je dois être un peu masochiste. C'est laborieux, mais finalement, j'arrive à écrire un sms "convenable". Je rigole encore plus, et mon voisin de tabouret aussi. Comme quoi, le rire, c'est communicatif. Je cherche dans mon répertoire le numéro d'Elisabeth, mais tout ce que je trouve là, c'est Ze.. Ezjk... Eze-bidule. Ca doit être le surnom de la Reine, ouais, ça doit être ça. Je parviens enfin à lui envoyer le sms suivant : tro bu. pa bi1. vé fer 1 coneri. vi1 mcherché o bar. Ouais. C'est la classe. Elisabeth II va venir me chercher.

Et je bois. J'enchaîne whisky sur whisky, vodka sur vodka en me marrant comme un fou avec le barman. On me met des mains au cul - ça me fait rire. Je ne pense même plus à Ezeckiel. Je passe juste la meilleure soirée de ma vie, avec mon pote Jack Daniels, et ma Reine. Ouais. La meilleure soirée de ma vie, et je pense que je ferai la même chose demain, et après demain, et le jour d'après, jusqu'à avoir le foie totalement pété et de me retrouver à la morgue de l'hôpital. Ouais. Comme ça, je ferai plus le pantin auprès d'Ezeckiel, et il pourra sauter sa blondasse faire m'avoir sur la conscience. Sauf si il a pas de conscience. J'ai un haut le coeur, que je ravale en en claquant cinq au barman qui me propose un abonnement à Jack Daniels. Ouais. On va se bourrer la gueule, moi et mon ami Jackie.

Nous étions au lit, moi et Eliott. La jolie blonde était complètement nue, allongée, et j'étais au dessus d'elle. Je l'embrassais partout, dans le cou, sur la bouche, je léchais le bout de ses tétons qui durcissaient à mon contact et passais ma main entre ses jambes pour la faire gémir. Bientôt, je la pénétrais et nous commencions un ballet endiablé à coups de bassin et à soupirs et gémissements étouffés. Alors que nous allions tous les deux atteindre l'orgasme, mon portable vibra et je n'y prêtais pas attention. Je me déversais en Eliott, sans avoir pris la peine de mettre un préservatif étant donné qu'elle prenait la pilule. Je retombais à côté d'elle, le souffle court, et je pensais à une personne : Billie.

Je n'avais pas oublié notre petite aventure dans l'ascenseur qui m'avait bien secouée. Et même si j'essayais de l'ignorer, cela avait été le meilleur coup de ma vie. Certes, il n'avait pas eu l'occasion de se soulager autrement que par lui même, mais moi je l'avais fait, par deux fois, et cela m'avait très bien convenu. Doucement, j'attrapais mon téléphone et regardais qui pouvait bien m'avoir envoyé un SMS, pour découvrir que c'était Billie. tro bu. pa bi1. vé fer 1 coneri. vi1 mcherché o bar. Je soupirais. Eliott me demanda ce qui n'allait pas, et je lui répondais que je devais partir, pour un truc du boulot. Je lui mentais mais je n'allais pas non plus lui dire que j'allai récupérer mon ex complètement bourré dans un bar ! Par chance, je savais l'endroit qu'il fréquentait à chaque fois qu'il buvait comme un trou. Je me levais alors et récupérais mon caleçon qu'Eliott avait sauvagement arraché auparavant, et l'enfilais. Un t-shirt, un jean et c'était bon, j'étais paré.

Je descendais les escaliers de l'immeuble après avoir embrassé ma fiancée et me dirigeais vers ma voiture qui était garée devant. Je montais et me dirigeais vers le Danny Coyle's où Billie devait être. J'y arrivais en peu de temps et après m'être garé, je m'avançais dans l'endroit. Ce n'était pas très propre et l'ambiance était glauque, mais bon, j'étais là pour sauver billie, rien de plus. Je me demandais ce que j'avais bien fait là et pourquoi j'étais venu le récupérer alors que je ne lui devais rien, mais j'avais une conscience, tout de même. Je n'avais pas été gentil avec lui dans l'ascenseur, peut-être que ce serait une occasion de me faire pardonner. Je trouvais finalement mon homme, au bar, en train de se bourrer au whisky. Je m'approchais de lui et me posais sur le tabouret qui était juste à côté en soupirant.

« Putain Billie tu fous quoi là? » lui demandais-je un peu énervé. Je passais une main dans son dos pour ne pas qu'il bascule en arrière car son équilibre avait l'air très instable. Mais ce contact eut vite fait de m'exciter et je me trouvais déjà à l'imaginer nu, avec moi, dans les toilettes, le pénétrant profondément alors qu'il me criait d'arrêter. Être en position dominante, j'adorais ça. Pour satisfaire mon fantasme, je prenais Billie par la main et le trainais aux toilettes, histoire de dire qu'il allait vomir un bon coup. Par chance il n'y avait personne, alors je le trainais dans un cabine et commençais à lui tripoter l'entrejambe.

Fuck, je ne pouvais pas m'en empêcher. Cet homme était carrément bandant et déjà, dans mon caleçon, je sentais mon sexe se tendre. J'avais envie de le sortir et de pénétrer l'homme qui était devant moi violemment mais bon ce serait du viol et je n'étais pas aussi pervers que ça. Il semblait complètement bourré et j'avais l'impression que j'étais la cause de son état catastrophique, puisque je l'avais lâchement planté dans l'ascenseur comme s'il était une sous merde. Et pour cause, je le pensais vraiment, à cet instant là. Après y avoir réfléchi, il était quand même un homme que j'aimais, oui, je l'aimais, putain c'était dur de l'avouer, et avec qui j'avais envie de passer toutes mes nuits mais c'était impossible.

Alors que je caressais encore son sexe par dessus son pantalon, je le sentis qui se tendait. Ainsi, même déchiré comme il l'était, il pouvait toujours être excité par mes caresses .. Avec un peu de chance, il ne se souviendrait plus de rien le lendemain matin et je pourrais tirer mon coup sans problèmes. Je continuais alors à le caresser en priant pour qu'il ne s'enfuie pas en courant. Il finit par me dire dans un gémissement que je devais le laisser partir mais son corps envoyais des signaux différents. EN effet, il colla son bassin contre ma main et je sentais son sexe grossir un vue d'œil. J'avais tellement envie de le sucer, là, maintenant, tout de suite, mais il fallait attendre un peu. Il fallait qu'il me fasse confiance, encore une fois, et que je déchire son coeur, encore une fois. Je ne m'en lassais jamais. Si ça se faisait, je pourrais répéter l'action encore et encore jusqu'à plus soif, puisqu'il semblait toujours partant lorsque je venais vers lui. J'avais une fiancé, et un gars que je pouvais baiser quand je voulais. C'était pas le bonheur complet ?

Alors que je ne m'y attendais pas, il repoussa ma main, il me repoussa tout entier. Un peu surpris, je le regardais bouche bée alors qu'il sifflait entre ses dents, un « je te déteste ». Cela eut l'effet d'un coup de poignard dans le cœur et je crus tomber par terre, sauf que je restais immobile. Je ne pensais pas ce que cela pouvait faire aussi mal, et pourtant ..

« Non, tu ne le penses pas. »

J'essayais de m'en persuader, car sinon, je mourrais. Oui, s'il me détestait, je mourrais surement. J'avais besoin de son amour pour vivre, et même si je ne lui prouverais jamais que je l'aimais en retour, j'avais besoin de cela. C'était très égoïste, très méchant, surement puéril, mais c'était moi. Finalement, il me fit comprendre qu'il ne voulait pas de moi et des larmes montèrent à mes yeux. Putain, il me faisait pleurer ! J'y croyais pas, j'avais presque l'impression que les rôles étaient inversés. Je séchais rapidement mes larmes et me collais contre Billie. Il allait voir ce qu'il allait voir celui là.

« Si tu veux de moi .Tu veux de moi plus que n'importe qui au monde. Maintenant, retourne toi. »

Je le collais de force au mur et descendais son pantalon et son caleçon. Je descendais ma propre fermeture et mon caleçon pour faire apparaître mon pénis gonflé. Je me masturbais une petite minute et me posais à l'entrée de son anus, prêt à le posséder, une seconde fois cette semaine.

J'étais horrible, et je le savais. Je ne pouvais pas me comporter de manière plus méchante et rude à son égard, et malgré tout ce que je ressentais à son égard, je ne pouvais m'empêcher de me haïr pour lui laisser seulement une seconde de l'attention qu'il méritait. Je n'étais pas l'homme qui aimait Billie, j'étais l'homme qui aimait Eliott. Seul Billie connaissait cette autre partie de moi que je n'osais montrer aux gens, et à choisir, je préférais garder mon image populaire que tout gâcher pour une seule personne. Mais peut-être que je me trompais. Après tout, il pouvait très bien m'apporter le bonheur qu'il m'avait promis un jour, et peut-être que je serais bien plus heureux si j'étais engagé à lui. Parce que je me haïssais de l'aimer, j'en venais à le haïr et à le traiter comme un moins que rien, sans pouvoir m'en empêcher.

Alors que je me préparais à le pénétrer violemment et à surement lui faire mal, sans l'excitation de la dernière fois, sans même savoir s'il le voulait, il réussit à se retourner et je vis les larmes dans ses yeux. Je me reculais légèrement, un peu choqué de le voir dans cet état là, persuadé qu'il oublierait que je me comportais de manière abjecte avec lui et qu'il se laisserait faire. Il me demanda pourquoi je me comportais comme cela avec lui, et je restais silencieux. Je ne savais pas vraiment quoi dire. Est-ce que je pouvais lui avouer que je l'aimais tellement, que je me haïssais pour ne pas l'avoir choisi en premier lieu mais que j'étais toujours incapable de faire ce qu'il voulait de moi ? Il continua à parler. Je lui avais brisé le cœur, et cette révélation brisa le mien. J'avais mal à la poitrine, littéralement, et j'avais envie de tomber par terre. Il ne savait pas combien je l'aimais, combien je l'adorais, combien j'aurais aimé être à ses côtés pour le restant de mes jours.

Il commença à se rhabiller, alors que je restais silencieux. Comme je ne voyais pas l'intérêt de rester le pénis à l'air devant lui qui ne voulait pas que nous fassions l'amour, je remettais mon pantalon moi aussi, malgré mon sexe qui était incroyablement dur. Cela me faisait mal. Je n'osais plus le regarder dans les yeux, non, mon regard était posé vers le sol et je me demandais bien ce que j'allai faire. Je ne pouvais pas le laisser seul de toute façon, pas dans cet état, il était bien trop déchiré pour aller rentrer chez lui tout seul. Peut-être que je pourrais l'inviter chez moi, après tout, officiellement, il n'était qu'un ami à moi et Eliott n'habitait pas dans mon appartement. Rapidement, je me préparais à le laisser partir mais une question passa le seuil de ses lèvres et me laissa pantois.

Est-ce que je l'avais aimé ? Je restais immobile, la bouche entrouverte. S'il savait. S'il savait que je l'aimais encore, que je l'aimais à la folie et que je n'imaginais pas ma vie sans lui. Que chaque moment où il était loin de moi, j'avais mal et j'étais déprimé. Que le voir faisait ma journée, même si je paraissais énervé contre lui et que je le traitais comme un moins que rien. « Oui. » Des larmes montèrent à mes yeux, j'étais tellement sensible. Je voulais lui dire toute la vérité, à présent. Fini les mensonges. « Je t'aime et je t'ai toujours aimé, Billie. Plus que tout au monde. » Les larmes commencèrent à couler sur mes joues et je n'osais m'approcher de lui. Je n'avais pas envie qu'il me rejète, comme moi je l'avais rejeté. J'avais été cruel, mais je ne voulais pas qu'il le soit avec moi.

Cependant, mon corps n'était pas de cet avis. Ainsi, je m'approchais de lui et le prenais dans mes bras en pleurant, rien de plus rien de moins. Comme une accolade amicale, sauf que ça signifiait bien plus que ça.