« D'ordinaire je n'aime pas trop me mettre en colocation avec quelqu'un du sexe opposé, mais on va dire que vous serez l'exception. Surtout que financièrement je ne peux pas me permettre d'être difficile » Jared n'avait rien répondu, trop occupé à la regarder, il ne voulait pas lui donner l'air d'un pervers ou de quoique ce soit du genre, mais la revoir l'avait troublé, et il ne pouvait pas détacher ses yeux d'elle. Ça faisait dix ans qu'il l'avait croisée, dix quand qu'il n'avait pas vu ce petit visage et ces beaux yeux bleus ; il pensait qu'elle avait été un mirage dans sa vie, ou même un souvenir qu'il avait inventé, mais elle était bien là, devant lui, plus jolie que dans son souvenir. Elle n'avait fait aucun commentaire sur son regard insistant et c'était simplement concentrée sur les papiers qui allaient faire d'eux des colocataires pour le meilleur et pour le pire. Elle avait toujours voulut revenir à San Francisco, et elle savait exactement dans quel immeuble elle voulait vivre, seulement le loyer était un peu cher pour elle toute seule. C'est ainsi qu'elle avait trouvé l'annonce de Jared, proposant une colocation avec celui ou celle qui serait intéressé(e). Il lui avait semblé un gentil garçon, sans problème et avec une bonne condition financière, elle avait donc fini par accepter. C'était ça ou être à la rue de toute façon. Leur colocation se passait mieux qu'elle ne l'avait prévu, Jared était vraiment un chouette garçon et elle avait même commencé à l'apprécier malgré tout, elle avait même confiance en lui. Ils sont très rapidement devenus de très proches amis, se liant d'une façon qu'ils n'avaient pas vraiment prévu. Cependant il restait toujours un problème entre eux. Elle avait fait de son mieux pour lui cacher sa double vie, elle avait réussi à trouver différentes excuses qui lui faisait oublier qu'elle disparaissait la plus part des nuits, mais ce n'était pas suffisant. Elle restait évasive car elle ne voulait pas lui mentir, espérant qu'il se contenterait de ce qu'elle lui racontait, mais la vérité se découvre toujours tôt ou tard. « JAY' ?! Qu'est-ce que tu fais ici ? » - « Non toi qu'est-ce que tu fais ici, à moitié à poil sur cette scène ?!! » Il avait fini par la suivre, voulant de vraies réponses à ses questions, et il avait découvert ce qu'elle lui cachait, il avait découvert où elle passait ses nuits, ce qu'elle faisait réellement. Et finalement il se rendit compte qu'il aurait préféré ne pas savoir. Qu'elle couche avec des hommes de temps en temps passe encore, ça lui faisait du mal mais il devait l'accepter car c'était son mode de vie, mais qu'elle se dévêtisse pour de l'argent, ça jamais ! Il avait commencé à se faire toute sorte de scénario dans sa tête, essayant de comprendre ; il pensait qu'elle s'était faite enrôlée par un réseau de prostitution russe, qu'elle n'avait pas eu le choix, qu'elle serait en danger si elle partait. Ainsi il tomba de haut quand elle lui annonça qu'elle faisait ça depuis un moment pour arrondir ses fins de mois. Pour lui c'était à peine croyable, il ne pouvait pas croire qu'elle puisse tomber aussi bas, et surtout qu'elle puisse aimer faire ça. Elle a essayé plusieurs fois de lui expliquer mais il n'a jamais rien voulut entendre. « Si c'est tellement dur pour toi de vivre avec moi et de supporter la vérité, très bien, je m'en vais. Je vais me trouver un autre logement et tu n'entendras plus parler de moi » Pendant quelques secondes il s'est demandé si il voulait qu'elle parte, qu'elle disparaisse de sa vie, quitte à ne plus jamais la revoir, et la réponse était juste non. Il ne pouvait pas la laisser partir. Il ne voulait pas la perdre, même si ce qu'elle faisait le dérangeait au plus au point. Et rapidement il s'est rendu compte que ce n'était pas le fait qu'elle fasse ça pour l'argent qui le rendait malade, mais bien le fait qu'elle fasse cela pour une horde d'hommes, un banc d'inconnus qui posaient leurs sales yeux sur elle. Oui ça ça le rendait malade, parce que lui il était en train de tomber réellement amoureux d'elle. Elle n'avait jamais voulut aller plus loin avec lui, même juste pour une nuit, et ce parce qu'elle le considérait comme son plus précieux ami, presque un grand-frère. Mais lui il en avait marre de ce refrain à la noix, il en avait marre de ses mensonges. Il commençait vraiment à perdre patience et se demandait quand est-ce qu'elle allait enfin comprendre qu'elle comptait pour lui, plus que n'importe qui. « Tu es vraiment obligée d'y aller ? » - « Tu veux que je me fasse virer ? » Il ne répondit rien, mais c'était comme si son silence clamait un grand oui. Il avait fini par prendre sur lui une nouvelle fois, mais sans pour autant accepter la vie nocturne d'Olivia. « Ollie... » - « Non tais-toi » Il aurait voulut la retenir et lui dire malgré tout ce qu'il avait sur le coeur, mais elle s'était faufilée loin de lui et avait fermée la porte derrière elle. Il s'y adossa et se laisser tomber sur le sol. La soirée allait lui paraître très longue une fois de plus, et il allait encore se torturer en imaginant ce qui allait se passer ce soir là. C'était toujours la même chose depuis des mois et des mois, mais finalement il ne l'avait jamais accepté, et il ne l'accepterait sans doute jamais. Parce qu'il l'aimait et qu'il ne voulait pas de cette vie pour elle. Mais étrangement, elle semblait bien décidée à faire tout le contraire de ce qu'il voulait lui, et elle n'avait pas idée à qu'elle point ça pouvait lui faire mal. S'en souciait-elle seulement ?