LAYLA ϟ ALLY

Enfin la journée touchait à sa fin et je n’avais jamais été aussi heureuse de rentrer chez moi. En effet, commencer sa matinée en allant travailler en pantoufle – ne s’en rendre compte qu’arrivée à destination – et terminer son après-midi à devoir chercher un taxi pour rentrer chez soi car sa voiture a deux pneus crever – surement des gamins – c’est comment dire… éprouvant ? Irritant ? Oui, quelque chose dans ce genre là. Comme dirait ma mère, il y a des jours avec et des jours sans. C’est à la fois en courant et en longeant les murs que je me dirigeai vers l’ascenseur, espérant ne croiser personne avec ces vieilleries à mes pieds. Sans plus tarder j’appuyai sur le chiffre douze, croisant les doigts pour ne rencontrer personne. C’est presque en piquant un sprint que je quittai l’ascenseur – que je déteste cette machine ça me donne des hauts le cœur- pour rejoindre mon appartement. Clés en mains, il ne me fallut que quelques secondes pour ouvrir ma porte d’entrée et la reclaquer derrière-moi sans me retourner. Sauvée, pansais-je sur le coup. Après avoir soufflé un bon coup, je jetai mon sac et mon gilet sur le canapé et pris un paquet chips paprika abandonné sur la table basse depuis hier soir. Il me fallut un moment avant de prendre conscience que quelque chose clochait et cette chose aussi banale soit elle et bien c’est le silence. D’habitude les cris et les injures fusent déjà dans l’appartement à cette heure si. Jaylann devait surement être en train de se saouler voir se droguer et Jolene... et bien c’est Jolene. J’avoue la soupçonner d’être en charmante compagnie, vous voyez, grand, brun musclé, marié… Bref. Pourquoi se plaindre ? Pour une fois que j’ai l’appartement rien que pour moi ! J’’en profitai pour aller poser mes fessiers sur le canapé blanc, et regarder ma série : grey’s anatomy – déjà, commencée certes. Je pense que j’ai du sombrer à un moment car c’est en sursaut que j’ouvris les yeux, alertée par quelqu’un toquant à la porte et puis je venais de passer de la scène Christina dans un ascenseur à celle Derek couché sur le sol une balle dans la poitrine. C’est à moitié endormie et avec une lenteur que je ne me connaissais pas que j’entrepris d’aller ouvrir la porte. Avec un peu de chance mon visiteur finirait par passer son chemin croyant qu’il n’y a personne. En passant devant le miroir de notre minuscule couloir j’entrepris tout de même de me recoiffer un peu histoire d’être présentable, en regardant bien on pouvait apercevoir les cernes sous mes yeux et un peu de mascara ayant coulé. Heureusement que je ne m’étais pas encore mise en pyjama mon slim noir et ma tunique rose claire rattrapait un peu le coup. Sans plus tarder j’ouvris la porte, j’avais assez fait attendre mon… voisin ? C’est là que de drôles émotions m’envahirent, un mélange de peur, d’incrédulité, et de joie s’entremêlaient en moi. Elle était là devant ma porte. Toujours aussi belle avec sa longue chevelure brune et ses traits fins… Ma meilleure amie, mon ex meilleure amie. « Layla, comment…pourquoi…qu’est ce que tu fais ici ? » demandai-je d’une voix tremblante. En regardant de plus près, je compris qu’elle n’était pas là pour moi, étant donné qu’elle semblait aussi étonnée que moi et qu’elle tenait un plat en mains. Cookie ? Brownies ? Gâteaux ? Aucune idée, mais les seules personnes venant vous rendre visite avec de la nourriture, son soit des scouts ou alors des nouveaux voisins… « Ne me dit qui tu emménages ici ? » lâchais-je sans pouvoir me retenir. Pas très accueillant quand on y pense. « Euh’ je veux dire…Je suis désolée, c’est juste que je suis surprise…je ne m’attendais pas à te revoir de…de si tôt. » Ou comment essayer de se rattraper en se plantant. « Tu… tu veux entrer ? » concluais-je sur un ton hésitant. Je n’étais pas sûre de faire le bon choix, en lui proposant cela, mais que pouvais-je faire d’autre ? Je m’efforçai d’afficher un sourire heureux, pourtant je ne sais pas pourquoi, j'avais comme la vague impression qu’il était en train de virer en grimace plus qu’autre chose. Que fait-elle là ? Pourquoi est-elle venue ici ? Et enfin, avec qui est-elle venue à San Francisco ? La pire chose qu’il peut bien m’arriver c’est bien de devoir affronter mon passé et de revoir par la même occasion Valence… Pourquoi faut-il toujours que tout ce complique juste au moment ou je commencais seulement à vraiment oublier le passé ?

Spoiler:

S’habituer à cette grande ville n’était pas chose facile, cela représentait comme une épreuve pour la jeune Arizona et cela lui plaisait énormément puisqu’elle adorait les défis. Sa matinée avait été consacrée à faire une ballade dans les rues de San Francisco, histoire de découvrir un peu les lieux qu’elle ne connaissait pas encore, de se repérer. Elle était restée assise une bonne heure sur un banc dans le grand parc de San Francisco puis elle était rentrée pour le déjeuner, dégustant le plat délicieux que Harrison lui avait préparé. Sa mère, Mila Moretti, avait toujours fait des remarques à sa fille sur le fait que c’était à elle de cuisiner, en tant que femme et qu’elle n’avait pas à obliger son fiancé à le faire. Mais, une fois qu’elle avait gouté elle-aussi à la cuisine de Harrison, elle cessa ses critiques et encouragea le jeune homme à concocter des bons petits plats à sa chère et tendre. Tout le monde adorait la cuisine de Val c’est pourquoi elle le laissait cuisiner et de toute manière, elle savait qu’il adorait cela. Une fois son fiancé partit travailler, elle s’était rendu quelques étages plus bas, chez sa sœur. Ce qu’elle était heureuse de pouvoir la retrouver. Cela avait été vraiment difficile pour Layla lorsqu’Isobel avait quitté la maison familiale quelques années auparavant pour faire ses études à San Francisco. Layla croyait sincèrement qu’elle ne réussirait jamais à s’en remettre, mais cela s’est finalement passé mieux qu’elle l’imaginait. En tout les cas, c’était toujours mieux d’avoir que quelques étages à descendre pour la retrouver. Elles avaient passés l’après-midi à traîner chez Isobel puisque celle-ci était en congé, et en avaient profités pour parler de tout et de rien, tout en écoutant de la musique. Une après-midi tranquille en somme. En remontant dans son appartement, Layla avait entendu le bruit de la télévision chez ses voisins direct et s’était dit que cela serait une bonne idée d’aller se présenter puisqu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer les habitants du palier d’à coté. Elle mit sur une assiette une dizaine de brownies au chocolat fait le matin même, car même si elle ne cuisinait pas, elle adorait faire des gâteaux et pâtisseries et se rendit chez sa voisine.
Lorsque la porte s’ouvrit enfin, Layla crut halluciner. Non, ce n’était pas possible. Cela ne pouvait pas être elle. Pourtant, ses paroles confirmèrent à Lay qu’elle n’avait pas rêvé. « Layla, comment…pourquoi…qu’est ce que tu fais ici ? » Un choc. Layla avait imaginé des milliers de fois ce jour où elle retrouverait Ally, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’elle serait accueillie de cette manière-là. Elle ne savait plus quoi dire. Elle ne savait pas vraiment si elle devait être heureuse ou pas. Elle avait tant souffert lorsqu’Ally avait disparu et elle était même allée jusqu’à croire que celle-ci s’était fait enlevé ou qu’un fou furieux l’avait assassiné puis enterré dans les bois. Elle avait connu la plus grosse perte de sa vie en perdant Ally et maintenant elle était là devant elle et ne semblait pas réellement heureuse de la voir. En tout cas, elle avait l’air en bonne santé et n’était pas pleines de blessure comme si elle était là de force, ce qui amena Layla à se demander, une fois de plus, pourquoi elle n’avait jamais eu de nouvelles d’elle. Pourquoi Ally qui lui disait tout auparavant, ne l’avait pas informé de son départ ? « Je… » Elle ouvrit la bouche puis la referma aussitôt. Elle était perdue. « C’est plutôt à moi de te demander ça non ? » Elle poussa un bref soupir, désorientée. « Ne me dit pas que tu emménages ici ? » Vraiment très, très accueillant. Ally essaya cependant de se rattraper aussitôt, sans grand succès. Au contraire, elle ne faisait que s’enfoncer un peu plus. « Euh’ je veux dire…Je suis désolée, c’est juste que je suis surprise…je ne m’attendais pas à te revoir de… de si tôt. » C’est dans ces moments là que Layla ne savait vraiment plus ou se mettre. Elle n’arrivait pas à croire que son ancienne meilleure amie était si peu heureuse de la voir tandis qu’elle avait presque envie de lui sauter dans les bras. Presque, puisque cet accueil peu chaleureux ne faisait qu’augmenter le nombre de question qui flottaient à présent dans sa tête. « Tu… tu veux entrer ? » Bien sûr qu’elle voulait entrer. Layla fit un petit hochement de tête et entra à la suite de la jeune femme qui arborait un espèce de sourire forcé. Une fois à l’intérieur, Layla se retourna alors vers son amie. « Ally ? … Pourquoi tu es partie ? »

LAYLA ϟ ALLY

« Ally ? … Pourquoi tu es partie ? » Ces quelques mots résonnaient dans mon esprit. Depuis des années j’avais rêvé revoir Layla, et dans chacun des ces rêves elle me posait la même question. Je n’ai jamais pu y répondre puisque c’est toujours à ce moment là, que je me réveillais. Voilà maintenant un moment que je n’avais plus fait ce rêve et réfléchis à cette question puisque que pour moi, il était impossible qu’un jour je la revoie, elle et Harrison. Je n’étais pas prête. Je n’aurais pas du la laisser entrer. Qu’allais-je bien pouvoir lui raconter ? Je ne pouvais tout de même pas lui révéler la vérité ! Je soupirai. Peut-être que si je lui avais fait un accueil plus chaleureux, elle n’aurait pas pensé à me poser cette question en premier, ce qui aurait pu me laisser du temps afin d’y réfléchir. « Viens t’asseoir… » Lui dis-je tout en lui désignant le canapé en tissu blanc, trônant juste à quelques pas d’elle. J’attendis un instant – pendant lequel mon cerveau entra en ébullition afin de lui trouver une réponse potable – qu’elle s’installe, avant de souffler un bon coup et de reprendre la parole ; « Je suis vraiment désolée Layla, je sais que j’aurais du te prévenir, mais tout c’est précipité… » je fis une courte pause, je n’avais aucune idée dans quoi je me lançais mais je repris tout de même ; « C’est ma sœur… Jaylann. Une amie à elle m’a appelé ce soir là. Elle avait trouvé mon numéro dans le portable de Jaylann. Elle m’a demandé, si je ne pouvais pas venir au plus vite à SF parce que Jay’ allait vraiment très mal. Je n’ai pas hésité, je suis partie directement sans prévenir personne, même pas ma famille… » Après ce petit discours, je la regardai droit dans les yeux. Allait-elle gober mon mensonge, qui n’en est pas tout a fait un ? « En effet, quand je suis arrivée elle ressemblait à une épave. Droguée, en train de vomir au toilette… J’ai fais, et je fais d’ailleurs encore au jour d’aujourd’hui tout ce qui est en mon pouvoir afin qu’elle décroche, qu’elle se reprenne en mains… » Ajoutais-je tout en regardant le sol. Je sais que ce n’est pas bien d’utiliser ma sœur et ses problèmes comme alibi, mais que pouvais-je faire d’autre ? Au moins cette excuse semble plausible. Je laissai s’écouler une minute avant de la regarder à nouveau et de lui adresser un faible sourire. « J’aurais du t’appeler… J’ai souvent voulu le faire, tu sais ? Mais je n’en avais pas le courage, j’avais peur… » et je le pensais vraiment. Combien de fois n’ai-je pas pris mon blackberry pour lui téléphoner ? Mais je me sentais trop coupable pour faire cela. Le mieux c’était que je prenne mes distances, que je n’interfère plus dans sa vie… Pourtant dieu sait combien elle m’a manqué. Depuis quatre ans, il ne s’est pas écoulé un jour sans que je pense à ma meilleure amie perdue. Elle était tout pour moi, elle était comme une sœur. On partageait tout, je pouvais tout lui dire, mais il a fallut qu’un garçon s’en mêle. Je me suis enfuie pour elle, pour ne pas voir son visage déformer par la trahison quand elle apprendrait que celle qu’elle considère comme sa meilleure amie a passé la nuit avec l’amour de sa vie. Je me demande encore comment est-ce que j’ai pu faire ça… comment est-ce que j’ai pu lui faire ça… La culpabilité m’envahit alors, j’eus soudain eut envie de tout lui dire, mais c’était impossible. A la place je me contentai de lui dire ; « Tu m’as manquée Layla, tu m’as énormément manquée. » Oui, tout m’avait manqué en elle. Son sourire, sa bonne humeur, ses plans foireux, ses idées farfelues, nos soirées films d’horreur, nos sorties à la seule discothèque de la ville, nos cap ou pas cap… C’était le bon vieux temps, c’était il y a quatre ans… Je finis par me lever, je ne pouvais plus rester là, assise à côté d’elle, sinon j’allais pleurer. J’allai donc me servir un verre de coca cola à la cuisine, tout en épongeant discrètement mes yeux, avant de me retourner vers elle et de lui proposer ; « Tu veux quelque chose à boire ? Coca ? Fanta ? Eau ? Désolé je n’ai plus que ça… » Je me demandai soudain alors pourquoi était-elle ici, à San Francisco. Était-elle toujours avec Harrison ? Était-elle venue ici en sa compagnie ? Était-elle juste de passage ? Venait-elle juste rendre visite à sa sœur Isobel ? Est-ce que Harrison aurait pu tout lui raconter ? Serait-elle juste là pour me tester ? Non c’est impossible, enfin je l'espère…

Elle observait sa meilleure amie avec un air interrogateur, attendant qu’elle réponde à sa question, une question qui attendait une réponse depuis si longtemps. Avide de connaître les raisons qui avaient poussé sa meilleure amie à tout quitter sans prévenir personne, sans donner signe de vie pendant des années. « Viens t’asseoir… » Ally désignait alors le canapé en tissu blanc qui trônait à quelques mètres de là, et la jeune brune s’y rendit sans rechigner. Elle voulait savoir. Elle avait besoin de savoir. « Je suis vraiment désolée Layla, je sais que j’aurais du te prévenir, mais tout c’est précipité… » Elle s’autorisa une courte pause, histoire de faire durer le suspens et en quelque sorte de rendre Layla complètement folle. « C’est ma sœur… Jaylann. Une amie à elle m’a appelé ce soir là. Elle avait trouvé mon numéro dans le portable de Jaylann. Elle m’a demandé, si je ne pouvais pas venir au plus vite à SF parce que Jay’ allait vraiment très mal. Je n’ai pas hésité, je suis partie directement sans prévenir personne, même pas ma famille… » Layla Arizona écoutait avec attention son amie dans son petit discours, racontant les problèmes de sa sœur qui l’avait poussé à quitter leur petit village soudainement, ou plutôt les mensonges que celle-ci lui déblatérait puisque même si Layla n’avait rien vu venir et ne voyait toujours rien, elle ne se doutait pas une seconde de la trahison de sa meilleure amie. Elle ne l’interrompit pas, sachant qu’Ally n’avait probablement pas terminé. « En effet, quand je suis arrivée elle ressemblait à une épave. Droguée, en train de vomir aux toilettes… J’ai fais, et je fais d’ailleurs encore au jour d’aujourd’hui tout ce qui est en mon pouvoir afin qu’elle décroche, qu’elle se reprenne en mains… » Alors que le récit d’Ally se terminait, une gêne s’installait dans le cœur de Layla qui se sentait presque coupable de ne pas avoir pu aider son amie dans cette dure épreuve. Même si ce n’était pas réellement sa faute, puisqu’elle avait fait tout en son possible ces dernières années pour retrouver Ally, elle était même allée jusqu’à lancer une enquête de possible, elle se sentait à présent gênée de savoir à quel point sa meilleure amie avait pu traverser des passes difficiles à devoir aider sa sœur alors que Layla, elle, profitait de sa vie à LHV avec Valence. Elle s’en voulait presque d’avoir réussi à être heureuse, sans elle. « Je suis tellement désolée pour ta sœur, Ally. Mais tu n’aurais pas du affronter cela toute seule, j’aurais pu t’aider tu sais ! C’est fait pour ça les meilleures amies non ? Etre là toujours l’une pour l’autre ? Mais maintenant je suis là et je ne te quitterais plus alors si tu as besoin d’aide pour ta sœur, tu peux compter sur moi Al. » Elle lui adressa un faible sourire alors qu’Ally, qui regardait le sol jusque là, relevait à présent la tête. Ally lui rendit ce sourire avant d’ajouter : « J’aurais du t’appeler… J’ai souvent voulu le faire, tu sais ? Mais je n’en avais pas le courage, j’avais peur… » Layla se rapprocha alors de son amie et la prit dans ses bras, avec une profonde tendresse. « Tu n’as pas à avoir peur ma belle, tu sais que tu peux tout me dire. J’ai eu tellement peur qu’il te soit arrivé quelque chose. J’étais persuadée qu’un tueur en série t’avait enlevé et massacré mais personne ne me croyait ! Même Valence me disait que j’étais folle de croire cela. » Elle poussa alors un petit sourire et se détacha alors des bras d’Ally, tout en restant assez proche d’elle. Elle la regardait à présent dans les yeux. « J’aimerais que tu me promettes quelque chose Ally, d’accord ? Ne pars plus jamais comme cela, sans me prévenir. Promets-le-moi s’il te plait » Des larmes commençaient à perler dans les yeux de la jeune fille, entre un mélange de tristesse et de bonheur. Après lui avoir dit qu’elle lui avait beaucoup manqué, Ally se leva et se dirigea vers la cuisine. Lay, elle, ne répondit rien mais il était clair et net qu’à elle aussi elle lui avait manqué. Une larme coula sur sa joue et elle s’empressa alors de l’essuyer du revers de sa main. « Tu veux quelque chose à boire ? Coca ? Fanta ? Eau ? Désolée je n’ai plus que ça… » La jeune femme hocha alors négativement de la tête, encore sous le choc de tout ce qui était entrain de se passer.