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Ma soeur et moi avions l'habitude de prendre régulièrement rendez-vous pour aller déjeuner ensemble ou bien simplement prendre un café pour se raconter des trucs, pour la plupart, anodins de notre vie. Ça me faisait du bien. Nous étions très proches. Puis, d'entrée de jeu, je lui lançais l'une de mes tirades, directes, mais j‘aimais bien aller droit au but.

LIAM-OÀKLEY - Tu dois rompre avec ce type.
LLUVY - Mais pourquoi ?
LIAM-OÀKLEY- Il ne te rend pas heureuse.
LLUVY- Il n'est pas si pire.
LIAM-OÀKLEY- Il a oublié ton anniversaire.
LLUVY- De toute façon je n'aime pas les anniversaires.

Je surenchérissais - et j’y prenais un malin plaisir - sur différents faits et gestes qui, selon moi, manquait de classe toujours à propos de son soi-disant petit copain qui ne la méritais pas. À l’époque, elle craquait sur les mauvais garçons. Les rebelles. Je n’avais jamais compris pourquoi. On ne pouvait pas leur faire confiance. Et à chaque fois, je devais la raisonner. Je voulais lui faire comprendre qu’il n’était pas assez bien pour elle. Skye méritait tellement mieux. Elle méritait le respect. Elle m’écoutait tout de même, mais d'une oreille plus ou moins attentive. Je voulais, lui prouver, avec preuves à l’appui, que son petit ami actuel était une vraie pourriture.

LIAM-OÀKLEY - Je continue ou tu en as assez ?
LLUVY - Vas s'y, fais toi plaisir!

Comme prévu, je déblatérai une suite de preuves tirées de mon raisonnement, qui selon moi, était suffisant pour qu‘elle le laisse tomber Je ne laissais pas passer la chance de d'exposer ma thèse qui, bien sûr, consistait à lui prouver qu’elle avait tort et moi raison. Elle regardais par la fenêtre, ennuyée, se concentrant uniquement sur un cabot errant plutôt que sur mes paroles, tandis qu'avec de grands gestes ainsi que des paroles qui dépassaient un peu les bornes, je stoppais puisque qu‘apparemment, je monologuais.

LIAM-OÀKLEY - Arrête un peu lluvy, ce mec est vraiment un fumier, en tant que soeur, je t'ordonne de le quitter, en vertu de notre lien du sang, tu peux quand même m'obéir!

Elle n’osa pas ajouter quoique ce soit, sachant pertinemment que ce serait inutile puisque dès qu’elle ouvrirait la bouche, je me précipiterais pour lui clore le bec avec mes arguments en béton. J’essayais, à tout prix, de la sauver. De tout. J’étais un peu surprotectrice. Je l’avoue. Mais elle avait tellement souffert. J’essayais, par la bande, de lui rendre la vie plus facile. Je la surveillais, à son insu. Je veillais sur elle. Ma soeur. Ce que j’avais de plus précieux. Telle était ma mission.