« Veux-tu m'épouser ? » Ces mots résonnent dans ma tête à la manière d'un vieux disque rayé qui ne cesserait de répéter le même bout de chanson depuis un moment. Je ne peux pas croire ce qu'il vient de dire, je ne peux pas croire qu'il est là, genou au sol, sourire fendu jusqu'aux oreilles avec cette magnifique bague au bout des mains. Je sens les larmes monter et sans que je ne puisse me contenir j'éclate en sanglots. La joie se lit à travers mes larmes et sans même lui laisser le temps de se relever je lui saute dessus pour l'embrasser passionnément. « Bien sur que je le veux. » je lui murmure ces doux mots à l'oreille et pose à nouveau mes lèvres contre les siennes. Le moment est si parfait, exactement comme dans les films. Je l'aime intensément, il m'aime d'un amour fou, rien ne peut arrêter ce genre de bonheur, tout simplement. Tout avait commencé avec un café, un simple café et une longue file d'attente, puis ça avait finit avec l'amour, l'amour fou de deux êtres. « Je t'aime Damon, plus que tout. J'espère que tu le sais ? » Je chuchote toujours, comme s'il s'agit d'un secret alors qu'en fait, je n'ai qu'une seule envie et c'est de le crier à l'univers au grand complet. Doucement, il pose ses lèvres contre mon front tout en passant une main dans mes cheveux et soupire, pas un soupire d’ennuis, plus un soupire de confort, celui que l'ont fait lorsque l'on se sent bien. « Je t'aime encore plus rouquine. » Je pourrais en rajouter, lui dire que je l'aime plus qu'il ne m'aime et etcétéra, mais je n'en ai pas envie. Je ne veux pas gâcher un si beau moment avec des bêtises de ce genre. Avec énergie, je lui attrape la mains, pose ma tête contre son épaule. « On devrait rentrer. » Bien sur que cette phrase est remplis de sous entendus. Je ne veux plus rester dans ce parc alors que je pourrais être au creux de mon lit, avec l'homme que j'aime à faire des trucs pas trop catholiques, je n'ai qu'une seule envie et c'est de me retrouver seule avec lui et personne d'autre. Juste nous, juste ce petit couple nouvellement fiancé.

« Alors tu pars, une foutue dispute suffit pour te faire disparaître ? » Je murmure, luttant corps et âme pour ne pas faire paraitre la moindre larme, mais en vain. La tristesse, la haine ainsi que la colère brûlent en moi. J'aurais aimé le détruire, lui hurler dessus et le retenir avec des cordes pour ne pas qu'il ne me quitte et pourtant, je reste plantée là, face à lui, attendant le moment où il franchira les portes de ce bus, attendant le moment où il lancera un dernier regard avant de tout quitter, y compris moi. « Je crois .. je suis persuadé que c'est mieux ainsi Teddy. » J'ignore s'il ment ou pas, s'il est sincère, si ce n'est que des mensonges pour que je souffre moins, alors que ça ne fait qu'empirer. « Et les promesses, la bague ? » Je ne les retiens plus, les larmes déferlent le long de mes joues, suivit du mascara, me donnant l'air d'un cadavre et je m'en fou. Je ne veux plus briller, j'ai n'ai même plus envie d'être jolie. Tant pis si je déplais aux gens, tant pis ce qu'ils disent. À quoi bon être belle si je ne peux plus l'être pour lui. Doucement il tourne les talons, les lèvres tremblantes et avances pieds après pieds, lentement, comme dans les films tristes. Je ne peux pas le laisser partir, alors à mon tour, j'avance et finis par lui accrocher le bras, le regard suppliant, les yeux malheureux. « Reste, je t'en supplie, je vais changer et .. je je .. » Je m'arrête soudainement, frotte mes yeux, ne faisant qu’amplifier les marques de mascara et pousse un soupire qui ressemble plus à un gémissement qu'autre chose. À quoi bon parler, à quoi bon le supplier, je sais plus que quiconque qu'il ne reviendra pas sur sa décision. Un dernier regard, « Je t'aime Teddy-Jules. » Les derniers mots. Il traverse la rue, sans le moindre regard derrière et monte dans ce bus, ce train de l'horreur qui le mènera loin, loin de tout, loin de moi.

Les mots me manquent, j'ai l'impression d'avoir le souffle coupé depuis tout à l'heure et pourtant, je respire bien, comme toujours. Je ne sais que dire, ni comment agir, il était partit avec une grande partie de moi et en le revoyant, j'ai eu le sentiment de retrouver cette partie de moi, cette joie, ce sourire, tout ce avec quoi il était partit sans crier gare, seulement il est arrivé avec de nouveaux bagages, de nouveaux sentiments dont je ne voulais rien savoir. Haine, colère et j'en passe. Crois-moi, je voudrais lui dire que je l'aime, que je veux qu'il revienne et que tout est oublié mais j'en suis incapable. Lorsque je l'ai revu, c'est à peine si j'ai trouvé le courage de lui dire allo et ensuite, pas même de minutes après en fait, je lui articulais mes mots avec froideur, détachement, avec une putain d'allure de zombie ou de robot, un truc dans ce genre. Six mois, six mois qu'il m'avait abandonné et malgré la douleur, j'avais finis par m'habituer, j'avais finis par me dire que c'était terminé, que je devais passer à autre et au moment où j'avais finalement trouvé une porte de sortie, où j'avais réussis à m'en sortir avec brillot, il s'est pointé le bout du nez, à notre endroit de plus, la falaise. Comme s'il savait qu'il avait des chances de m'y trouver. Je ne sais pas quoi penser, je l'aime et pourtant, je le déteste. Les choses sont si compliqués, atrocement. - elle.

Elle était encore plus jolie que la dernière fois, ses cheveux avaient allongés, elle semblait si douce, encore plus qu'autrefois, ce qui, je croyais, était impossible. Je ne sais pas pourquoi je suis allé à la falaise. J'avais encore mes sacs en mains, je venais tout juste de sortir du bus et c'est le premier endroit où mes pieds m'ont guidés, puis évidemment, elle était là. Les pieds dans le vide, les cheveux au vent, toujours avec une bouteille de jus de pomme à la main, son préféré. À la voir, je me suis tout de suite demandé ce qui m'avait prit, pourquoi j'étais partis comme ça, pourquoi j'avais joué les cons alors que j'avais, à mes cotés, la femme la plus belle et la plus merveilleuse qu'il soit. Encore aujourd'hui, je me le demande. Il parait que dans les vies, on finit par se pardonner nos erreurs, ils disent que ce sont elles qui nous font vieillir, qui nous font réaliser des choses et pourtant, c'est carrément tout le contraire. Je pourrai jamais me pardonner un truc du genre, je pourrais jamais vieillir en me disant que j'ai brisé deux cœurs, soit le mien et surtout, le sien, bien entendu. Elle était tellement distante lorsque je lui ai adressé la parole et je comprend, je comprend cette froideur, mais j'ai tout de même éprouvé un haut le cœur, un dégout de moi-même vous voyez. Si je suis revenu, c'est pour elle et rien d'autre et je ferai tout en mon possible pour la ravoir, coute que coute. Puis, l'amour n'est-il pas plus fort que tout ? - lui.