« Vas chier X ! » « T'es soule ! Arrêtes tes conneries ! » « Et toi arrêtes de me prendre la tête, je te signale que tu vis dans MON appartement ! C'est MON nom sur le bail ! » « Parfait, puisque c'est TON nom, je n'ai plus rien à faire ici. » La porte claqua, un silence s'installa dans le salon tandis qu'Hadley, affalée sur le canapé s'empressa de courir en direction de cette dernière, ouvrant la porte, elle pouvait parfaitement entendre les bruits de pas de X descendant l'escalier, il détestait les ascenseurs, il était claustrophobe, et elle adorait le voir dans des moments de faiblesses. Malheureusement, ce soir, comme de nombreux soirs encore, une énième dispute vint rompre la bonne ambiance qui régnait jusqu'à présent. Hadley était soule, encore une dispute avec Jules, X tentait d'écrire une nouvelle musique mais impossible avec une colocataire qui avait décidé de jouer à Guitar Hero et qui à la place de chanter se mettait à hurler chacune des chansons. Les disputes étaient fréquentes entre les deux « amis », n'ayant pas du tout le même caractère, rares étaient les fois où ils se mettaient d'accord. Il aimait le sucré, elle adora le salé. Il aimait l'été, elle préférait la saison d'hiver. Il aimait les films d'horreurs, elle en avait peur. Il avait même acheté un rat afin qu'elle ne rentre pas dans sa chambre étant donné sa phobie, malheureusement pour lui, il passait beaucoup plus de nuit dans le même lit que la demoiselle plutôt que dans le sien. Parce que oui, ce qui rendait cette amitié si étrange c'est bien parce qu'ils couchaient très régulièrement ensemble et ce, depuis le début il y a de cela cinq ans, lorsqu'elle fit sa connaissance au Conservatoire alors qu'elle venait faire une représentation et lui donnait un cours. Elle avait immédiatement aimé son style, elle était tombée amoureuse de sa voix légèrement cassé lorsqu'il avait interprété une musique. « X reviens immédiatement ! » Hurla-t-elle en se penchant à travers la rambarde. Descendant les escaliers en titubant, elle ne manqua pas de tomber sur les fesses à plusieurs reprises tandis que lui s'éloignait un peu plus encore. « X ! Je t'ordonne de revenir ! Tu ne peux pas partir maintenant ! » « Si et c'est ce que je fais ! Maintenant fous moi la paix ! » Il était têtu, elle était bornée et un peu plus encore lorsqu'elle était soule. Avouer qu'elle avait besoin lui ? Elle préférait encore se couper la langue avec un ciseau. Hadley était une jeune femme qui se voulait forte, qui pensait que les relations amoureuses étaient pour les idtios, ceux qui avait peur d'être seuls, elle, elle n'était jamais seule ! Partageant souvent des nuits en compagnie d'autres hommes et quelques fois d'autres femmes, il y a cependant un homme avec qui elle ne cessait de coucher depuis ces cinq dernières années, et il s'agissait de X. Elle avait beau le détester, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir besoin de lui, il était sa raison de tenir debout, ils aimaient la musique, ils aimaient l'indépendance, bien que différents, ils se complétaient tout les deux. « X ! Si tu ne viens pas je... » « Tu quoi ? » « Et bien je... » Manquant à ses mots, Hadlay se stoppa immédiatement, sa main fermement posée contre la rambarde, elle se laissa tomber – s'accroupir - sur l'escalier, son derrière cognant violemment contre la marche où elle arriva en position assise. Sans bien même attendre, X retroussa chemin, remontant par quatre les marches qu'il venait de descendre, lorsqu'il arriva à sa hauteur, il ne put s'empêcher de s'accroupir. « Tu es soule Hadley. » « Et j'ai besoin de toi. » Murmura-t-elle finalement avant de poser son front contre celui de son partenaire. Il n'y a que lorsqu'elle était ivre qu'Hadley lui laissait apercevoir l'attachement qu'elle éprouvait à son égard et même si elle ne s'en souvenait pas le lendemain matin, X avait appris avec les années que les sentiments qu'avait la jeune femme étaient bien différents de ceux qu'elle montrait lorsqu'elle était sobre. Hadley avait beau aller voir ailleurs, elle avait beau le traiter comme un chien ou comme le dernier des imbéciles, elle ne pouvait finalement pas se passer de lui. « Allez viens, je te ramène. » « Et tu resteras avec moi. » « Quoi qu'il arrive je serai toujours là pour toi. » Déposant un baiser sur le front de sa colocataire, X ne pouvait s'empêcher de veiller sur elle, toujours être présent pour celle dont au final il ne pourrait vivre sans car oui, malgré qu'à son tours il aille voir ailleurs, malgré le fait qu'il ne lui avoue jamais ce qu'il entend lorsqu'elle est soule, X ne ressent peut-être pas que de l'amitié à l'égard de sa pourriture de colocataire. Et si finalement tout deux passaient à côté de l'amour qu'ils espéraient au fond trouver un jour ? L'amitié est-elle vraiment plus forte que ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre ?