HADLEY ✽ « back in town »

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ALANA HADLEY QUIMEY

Une faible lumière éclairait la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Une épaisse fumée planait au-dessus de nos têtes tandis que je reposais délicatement le verre à moitié vide de bière que j'avais commandé. « Merci de m'accorder un peu de temps. » Annonça mon interlocutrice, timide, je voyais ses yeux parcourir chaque centimètre de la pièce tellement elle était nerveuse alors que je n'avais cessé de poser mon regard dans le sien. D'un simple hochement de tête, je lui fis comprendre qu'il ferait mieux pour elle de terminer bien vite ce qu'elle avait à faire au risque de me voir quitter la pièce dans la seconde qui suivait. « Mademoiselle Alana Hadley Quimey née le 12 avril 1988 à San Francisco. » Roulant mes yeux en direction du plafond comme signe de lassitude, mais surtout d'ennui, j'approchai de nouveau la cigarette que je tenais entre mes mains dans le creux de mes lèvres, inspirant ce mélange de goudron, de mercure et autres substances ô combien dangereuses pour la santé, je vins finalement à l'écraser violemment dans le cendrier qui se situait juste à ma droite. « Je vois que ma carte d'identité a bien été étudiée. Vous avez d'autres renseignements qui pourraient m'être utile ? » Déstabilisant un peu plus cette jeune journaliste débutante, elle rangea nerveusement le petit bloc de feuilles qu'elle avait au préalable posée sur la table du café. « Vous êtes la fille du défunt chanteur et producteur Roman Quimey, tout comme lui d'ailleurs vous vous êtes lancée dans la musique, pourquoi cette envie de reprendre le flambeau ? » Certes elle avait été très maladroite dans ses paroles, mais je ne pouvais lui reprocher de dire la vérité. Mon père, Roman Quimey était auteur-compositeur-interprète mais également producteur, avait été retrouvé dans son lit, mort d'une overdose de cocaïne il y a quelques années alors que je n'étais âgée que d'une dizaine d'années. Ma mère ? L'unique chose que je savais d'elle, était qu'elle avait été l'une des groupies de mon père, une femme avec qui il avait eu une relation d'une bonne dizaine d'années avant de la planter pour une pseudo mannequin en manque de reconnaissance professionnelle, m'embarquant avec lui, je n'avais que cinq ans lorsque je la perdis. Lui en vouloir de quelque chose ? Jamais ! « J'ai toujours vécu dans le monde de la musique, je pense que si jamais choisi le chemin d'institutrice ça n'aurait absolument pas collé avec le mode de vie dans lequel j'ai évolué !La musique est ma passion, je ne vis que pour celle-ci, comme Obélix, je suis tombée dans la musique quand j'étais petite et elle ne m'a jamais quitté ! » Auteur, Compositeur, Interprète, tel était mon métier, tout comme l'avait été mon père, j'écrivais, je composais et chantais moi-même mes chansons accompagnée des musiciens que j'avais scrupuleusement choisis. Cependant, à la différence de mon incroyable géniteur, je n'avais pas opté pour les grandes salles de concert noire de monde, non, je préférai l'intimité des petits cafés, des bars et autres petites salles intimes dans laquelle la sueur et la chaleur se mélangeait dans une atmosphère intimiste. « Votre groupe s'est formé il y a cinq ans de cela, vous n'avez jamais changé les membres d'ailleurs. » « Et pourquoi le ferai-je ? Nous sommes une équipe, certes ce ne sont que des branleurs qui préfèrent fumer, baiser et boire, mais nous vivons tous pour la même chose, la musique. » « Vous vivez d'ailleurs avec l'un d'entre eux depuis de nombreuses années, pouvez nous nous en dire plus sur votre relation ? » « Non ! » Stoppant son interrogatoire, j'arquais un sourcil comme agacée par la question qu'elle venait de me poser. Parler de relation ? Mais de quelle relation voulait-elle parler ? Celle que j'entretenais avec le groupe ? Nous étions soudés, comme les doigts d'une main, nous avions tous nos caractères bien différents dont le mien, perfectionniste, agaçante, jalouse, bornée, franche et ô combien vulgaire quand je m'y mettais ce n'était pas sous prétexte que je vivais avec l'un des membres du groupe que l'on devait nous prêter une relation quelconque. Du moins, le domaine du privé restait dans le privé ! « Nous sommes ici pour parler du groupe et non des mecs avec qui je baise ! » « Oui bien sûr, vous êtes principalement connue pour être une forte tête, une jeune fille qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. » Un sourire s'échappa enfin de mes lèvres, le premier depuis le début de notre rencontre, passant une main dans mes cheveux, je me mordis la lèvre inférieure. « Exactement, lorsque j'ai quelque chose à dire, je ne m'en prive pas, si quelque chose m'agace, je ne vois pas pourquoi je ne devrai pas faire connaître mon opinion. » « Les relations dans le groupe sont plutôt bonnes malgré vos caractères différents ? » J'explosais finalement de rire, cette journaliste était plus une potiche plutôt qu'une potentielle amatrice de chansons rock. « A votre avis ! Si ça fait cinq ans que nous sommes ensemble c'est que nous partageons les mêmes goûts et nos caractères sont complémentaires ! Oui on a tous phobies ou nos lubies, par exemple j'ai peur des rats, je dors avec Evan le Borgne, un lapin en peluche qui ne ressemble plus à rien, j'aime la solitude lorsque je compose tout comme je ne supporte pas être seule dans une pièce. La lecture est une passion, mais je hais la mode et tout ce qui l'entoure. » Hochant la tête, elle gratta quelques notes sur ses feuilles avant de poursuivre son questionnement auquel je m'efforçai de répondre de manière claire et précise. Mais Putain que j'avais envie de quitter la pièce !

1ER ÉTAGE « GOOD MORNING AND, IN CASE I DON'T SEE YA, GOOD AFTERNOON, GOOD EVENING, AND GOOD NIGHT ! »

que fais-tu à san francisco ? Je vis ma vie avec mon groupe de musique dans lequel je suis auteur-compositeur-interprête. ton appartement de rêve, il est comment ? Il ressemblerait aux appartements parisiens avec un plafond bien haut, des portes immenses, il serait complètement dépourvu de meubles ou du moins, il n'aurait que le stricte minimum, un couloir principal immense dans lequel je ferai de la bicyclette, du roller ou encore du squatte. En fond sonore il y aurait toujours de la musique, lorsque je taperai dans les mains, les lumières de ma chambre s'éteindront ou s'allumeront. Mon appartement de rêve serait à mon image, totalement décalé ! et ton/ta voisin(e) de rêve ?Des vieux à qui je casserai les pieds et qui n'hésiteraient pas à faire de même, appelant la police à pas d'heure pour tapage nocturne. A Noël je leurs glisserai sous leur porte une photo de leur chien se prélassant à mes côtés au bord de l'océan. quel métier exerce-tu ? Je suis chanteuse dans un groupe de rock. J'écris, compose et interprète la totalité de mes musiques. ton plus beau souvenir ? Certainement lorsque mon père me glissa une guitare entre les mains. Il revenait d'un de ses plus grands concerts, il était sept heure du matin, je me levais comme à mon habitude à cette heure-ci et lui allait se coucher, sauf qu'à la différence de son habitude, lorsqu'il me vit assise dans la cuisine à prendre mon petit déjeuner il s'approcha de moi, me prit par la main et m'emmena dans la salle où il aimait s'enfermer durant des heures, c'est là qu'il me donna sa guitare, celle qu'il avait utilisé sur scène le soir de ma naissance. Je n'avais que 7ans lorsqu'il me la donna et je me souviens de ce jour comme-ci c'était hier. Depuis, c'est avec cette dernière que je joues quotidiennement. t'as des secrets où tu es un plutôt un livre ouvert ?Et je n'ai pas qu'un seul secret ! Bien évidemment, comme ces derniers étant secret, je ne le dirai pas ! on a tous un rêve, le tien c'est ... D'être reconnu dans le domaine que j'exerce sans pour autant changer mes habitudes. Faire le tours du monde avec ma guitare sur le dos et me produire dans des bars miteux. groupe désiré ? THE MY PENIS GRANTS WISHES avatar Taylor Warren

2ÈME ÉTAGE « I WANT TO BE AN EXPLORER, LIKE THE GREAT MAGELLAN. »

Spoiler:

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R.D.C. « WE ACCEPT THE REALITY OF THE WORLD WITH WHICH WE ARE PRESENTED. »

« Merci ! » Sentant les gouttes de sueurs rouler le long de mon dos, sur mes tempes ou encore entre ma poitrine, j'essayais lentement de reprendre une respiration des plus normales; mais mon coeur lui n'arrêtait pas à reprendre un rythme qui lui serait plus approprié. Un sourire vainqueur affiché sur le visage, j'aimais ces soirées où la pièce, pleine à craquer bougeait au rythme des sons de la batterie, ou de la guitare. Saluant enfin tout ce monde, je quittai la salle après une bonne heure et demi de concert. Ce soir avait encore une fois été à la hauteur de nos attentes, une petite pièce intimiste, un bar situé au coeur de la ville, un public dynamique et appréciant le style musical que nous proposions, j'avais également remarqué qu'un bon nombre d'entre eux connaissaient l'intégralité de nos musiques ce qui n'avait pas une seconde manquée de nous motiver à leur donner tout ce que nous avions à l'intérieur de nos tripes.
J'avais traversé le couloir plongé dans la pénombre qui nous conduisait directement à la loge dans laquelle je retrouvai Jules, notre agent, cette femme au caractère fort avec qui le ton n'hésitait pas à monter dès que nos points de vues n'étaient pas sur la même longueur d'ondes. Après m'avoir lancé un vague sourire, elle me tourna le dos, s'empara d'une serviette qu'elle me balança sans bien même regarder où elle visait, puis elle fit de même avec les autres membres qui ne tardèrent pas à arriver. « J'ai adoré ce qu'on a fait ce soir ! » Avait lancé le batteur du groupe, les autres acquiesçant à sa remarque, tout en se laissant tomber dans l'immense canapé et s'essuyant leurs visages trempés de sueur. Je fis de même, assise sur une chaise, me tournant en direction du miroir, j'attachai mes cheveux en une queue de cheval et passait la serviette derrière mon cou. « Tu les as vus au refrain, ils chantaient tous ! » Annonçai un autre. Pour ma part, je gardai mes commentaire, préférant saisir une cigarette que je posais entre mes lèvres, mon regard ne quittai pas notre agent, assise sur le rebord du fauteuil, le talon de sa chaussure frappant sur le sol, son air sévère et froid, elle nous regarda un par un, attendant le silence. C'est finalement lorsque j'inspirai ma première bouffée de cigarette qu'elle pris la parole. « Et que pensez-vous de vous produire sur une plus grande scène ? » Fronçant légèrement les sourcils, je remarquai l'enthousiasme se dessiner sur le visage de mes partenaires tandis que le mien se refermait au fur et à mesure. « Je ne parle pas là des scènes miteuses sur lesquelles vous montez, je vous parle d'une vraie scène de concert, avec projecteurs, régisseurs et tout le merdier qui va avec ! » Jules était le genre de femme qui ne vivait que pour l'argent, certes elle avait une place importante dans le label qui nous produisait, celui de mon père, celui que j'avais toujours voulu choisir, mais Jules aimait le commerce, désireuse d'une renommée dans son travail, depuis quelques mois maintenant elle aspirait à nous faire connaître par delà l'océan, chose que je refusais cependant catégoriquement ! Le commercial ? Très peu pour moi ! Mon père avait été l'un des plus grands chanteurs des années 80, je savais parfaitement que Jules désirait jouer de ce statut pour alimenter un peu plus son compte en banque et ça, je le refusais. « Il en est hors de question ! » Lâchai-je alors d'un froidement, tandis que j'écrasais violemment ma cigarette dans le cendrier situé à mes côtés. « Et pourquoi ? » « Je refuse de changer ce que nous sommes pour que tu en tires tous les bénéfices et que nous perdions ce pourquoi nous vivons ! » Un rire moqueur s'affichant sur son visage, je soutenais mon regard dans le sien, finalement nous avions exactement le même caractère et nous défendions nos positions du mieux que nous pouvions.

Jules et moi n'avions par le passé été de grandes amies, à peine plus âgée que moi, elle connaissait mon père tout aussi bien que moi, c'est donc sans grande difficulté qu'elle intégra le label et se forgea un caractère semblable au mien. Suite au décès de mon père, Jules et moi nous nous sommes éloignées, me refermant aux autres, je rejetai tous ceux qui souhaitaient m'aider et c'est à ce même instant que je commençai à faire quelques scènes, chantant le chagrin, c'est par le biais de la musique que je trouvais un moyen de me libérer. « Et combien de temps encore vous vivrez comme ça ? Ce que tu ne comprends pas Hadley c'est que si tu refuses de faire reconnaître ton groupe comme il le mérite nous n'aurons plus de quoi te produire, ce n'est pas avec les milles dollars que vous vous faites en une soirée que tu vas alimenter ton compte en banque qui tire la gueule ! Tu peux vivre sur l'héritage de ton père toi, mais penses aux autres ! Qu'est ce que tu feras lorsqu'il se fera virer de son appart' parce qu'il n'a plus de quoi payer le loyer ? » Ce que je refusais d'admettre c'est qu'elle avait raison. Je refusais de nous faire connaître pour la simple raison que je refusais que le groupe devienne l'un de ces groupes pour minettes, purement commercial cherchant à attirer de l'argent et non de la reconnaissance. Mais cette envie avait un prix ! Les petites salles étaient certes les meilleures mais malheureusement elles n'étaient pas suffisantes pour nous payer à la fin du mois. Nous manquions d'argent, le label ne tarderait pas à nous mettre à la porte si jamais nous n'apportions pas plus à sa caisse. Je connaissais ce domaine, mon père avait vécu pour l'argent tout au long de sa vie, certes je l'aimais, mais jamais je n'avais approuvé son système, les grandes scènes, les séances d'autographes gérées à la seconde, les émissions télévisées beaucoup trop commerciales, j'avais toujours voulu me défaire de cette image, en pas ressembler à mon père sur ce plan malheureusement, il semblerait qu'aujourd'hui je doive revisiter mes principes. « Tu ne penses qu'à toi Hadley ! Qu'à toi et à ta petite personne, tes principes à la con parce que tu ne veux pas être la pâle copie de ton père ! Il faudra te faire à l'idée, si jamais tu n'apportes pas plus d'argent à la boîte on vous mettra à la porte et ça sera par ta faute ! » « VAS CHIER JULES ! » D'une agressivité sans faille, je me levai de ma chaise pendant que les autres nous regardaient nous prendre une énième fois la tête. Claquant mon poing contre la table, je leur tournai finalement dos. « Je vais boire un verre. »