Un jour, il a cru qu’il pouvait voler. La vérité c’est qu’il s’est juste rétamé. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il était fier de lui. Persuadé d’avoir gagné quelque chose que le commun des mortels ne pourrait jamais comprendre. Et dans le fond, sans doute qu’il s’était enfoncé tout seul dans sa petite bulle de rêve éveillé. Avec joie, avec intensité et témérité. Parce qu’il était comme ça. Lorsqu’il était gosse, il avait pesé trente-cinq kilos d’espoir. Il avait cru que par sa seule envie, le monde aurait plié sous le moindre de ses désirs. Trente-cinq kilos d’espoir qui s’était transformé en septante de rêverie intempestive et d’égarement incompréhensible. Beau Lennon avait toujours été un peu différent. Un peu à part, vous dirait certains. Mais c’est parce qu’il n’avait jamais eu la prétention de se prendre pour plus que ce qu’il n’était. Parce qu’il voyait le monde comme il voulait le voir et non comme les autres voulaient le lui imposer. C’était pour ça qu’il était tombé amoureux des étoiles. Lorsqu’il se perdait dans les cieux, il avait l’impression d’être véritablement lui-même sans que personne ne puisse le juger. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait choisi d’étudier l’astronomie. Il était persuadé que sa voie était là. Et il n’avait sans doute pas tort. Il aimait passer du temps sur ces travaux, devoir observer le ciel pour expliquer tel ou tel phénomène. Cela le passionnait littéralement et rien n’y personne ne parviendrait à lui faire oublier cette passion dévorante.

Cet après-midi d’ailleurs, Beau n’ayant pas cours se retrouvait enfermé dans les quatre murs de sa chambre a essayé de comprendre un exercice particulièrement troublant que lui avait donné son professeur de physique. Pour être astronome, les étoiles seules ne suffisaient pas et lorsque le jeune homme se trouvait confronté à tout autre chose que son territoire de prédilection, il avait toujours la sensation d’être perdu. Sans doute à tort puisqu’il arrivait à avoir des notes respectables dans beaucoup de matière. Mais la question n’était pas là. Il était simplement déboussolé face à cet exercice et il était pratiquement prêt à s’arracher les cheveux. Crayonnant plus vite que son ombre, il essayait mille solutions et toutes lui semblaient incorrectes. Il chercha alors après une gomme, histoire de repartir à zéro, mais il ne parvint pas à la retrouver dans son petit bordel. Enervé, Beau se dirigea vers la chambre de sa colocataire avec l’espoir d’y trouver une panoplie de gommes et crayons en tout genre. Après tout, Rose était une artiste ! Et il se moquait bien de savoir s’il avait l’autorisation d’entrer et de se servir comme bon lui semblait. Il ouvrit la porte et se dirigea vers le bureau de la demoiselle où il put trouver son bonheur. Satisfait, il quitta la petite chambre sans penser à fermer la porte. Là fut sans doute sa première erreur… Mais concentré comme jamais, Beau se remis au travail et finit – à force d’acharnement et de persévérance – à trouver la solution tant espérée. « Alléluia ! » s’écria-t-il comme triomphant. Il lui en fallait souvent peu pour être heureux, mais que voulez-vous. Fier de lui, il s’accorda le loisir de faire une petite pause. Il quitta donc sa chambre douillette pour la petite cuisine. Il chercha dans les armoires afin de dégotter quelque chose à grignoter et finit par mettre la main sur une barre de céréale qu’il déballa et engouffra en une seule bouchée. Il ne put s’empêcher de faire une grimace une fois l’ingrédient avalé. Dégueulasse. Décidemment, il avait choisi la pire des colocataires. Non seulement madame se plaignait de son bordel mais en plus, elle achetait de la bouffe immonde. Et il devait laisser passer ça ? Hélas oui, cela lui permettait de renvoyer gentiment les chèques à maman et donc, de se débrouiller seul. Il bu une gorgée de jus d’orange directement au goulot sans penser une seule seconde que cela pouvait être dérangeant pour la personne avec qui il cohabitait. Non vraiment, Beau avait tendance à oublié qu’il n’était plus seul maitre de sa demeure.

Il retourna alors dans sa chambre, rassasié et prêt à se remettre en marche lorsqu’il remarqua quelque chose de plutôt étrange posé sur son lit. Beau fronça les sourcils tout en s’approchant de la tâche non identifiable. Lorsqu’il s’aperçu de ce que s’était un frisson lui parcouru tout le corps. Un chat ! Sous son toit, sa propre demeure abritait un monstre sournois et complètement horrible à voir. Cette petite tâche aux poils bizarres se prélassait tranquillement dans ses draps. Il ne put s’empêcher de grimacer, à la fois de dégout et de peur. S’il y avait bien une chose qu’il détestait, c’était les chats. Il avait l’impression absurde que ces bestioles voulaient le dévorer une fois qu’il avait le dos tourné. Une vraie fillette, ce Lennon ! Il restait là, immobile, incapable de savoir quoi faire. Se grattant la nuque tout en réfléchissant à ce qu’il pouvait faire, Beau ne quitta pas le chat des yeux. Et c’est alors qu’il entendit la porte d’entrée se claquer. Rose ! Beau sortit en trombe de sa chambre et la pointant du doigt il déclara : « ROSE ! Y a une espèce d’horrible chose poilue dans mon lit. J’ai peur, sauve-moi et fous-là dehors. » Beau vint prendre la main de Rose et l’amena jusqu’à sa chambre ou il désigna la petite boule de poil somnolente. Il se cacha ensuite derrière la demoiselle et la poussa doucement vers le lit. Il ne put s’empêcher de lui souffler alors à l’oreille : « On peut le lancer par la fenêtre, tu crois ? » Quelle idée saugrenue. Décidemment, Beau était resté sur les étoiles trop longtemps et il n’arrivait plus à faire la part du marché entre réalité et rêverie.

Le seul problème avec les filles, c’est qu’elles s’attendrissent pour un rien. Elles vont voir un bébé, elles vont avoir envie de pleurer. Elles vont voir un chiot, elles vont vouloir le dorloter. Et elles vont voir un foutu chat, elles vont se sentir obligées de l’adopter. Vraiment. Il n’y a rien de plus énervant qu’une jeune femme trop sentimentale ou trop facilement impressionnable. Et malheureusement pour Beau, il devait supporter depuis quelques semaines ce genre de nana un peu insupportable. Parfois, il avait l’impression de vivre avec une mère un peu trop chiante qui râlait pour un tout : range tes affaires, mets tes chaussettes au lavage, fais pas ci et fais pas ça. Toute la journée, ça n’arrêtait pas ! Et à d’autre moment, il avait l’impression de ne même plus être chez lui et que tout ici était fait en fonction de l’humeur et des envies de cette chère Rose. Il n’y avait qu’à voir la façon dont elle s’était approprié les lieux avec ses tableaux un peu… En fait, il ne savait pas comment qualifier les objets d’art qui animait la maison. C’était un scientifique, pas un artiste. Peut-être qu’au fond, il était le problème de leur mésentente quotidienne. Ils étaient l’exact opposée de l’autre. Même si Rose était un peu rêveuse, elle serait toujours plus terre à terre que Beau et ça, c’était un problème. Mais les problèmes ne s’arrêtaient visiblement pas là ! Planté devant son lit sans véritablement osé s’approcher, l’étudiant en astronomie désigna la boule de poil sur son lit d’un air quelque peu dégouté. Alors qu’elle, elle avait les yeux tout pétillant et offrait un joli portrait de madone ayant vu Jésus ressusciter. Non vraiment. Les filles, c’était trop bizarre. « Ohhhh... ! Mais t'es là toi ?! » Beau arqua soudain un sourcil. Cette phrase ne lui annonçait rien de bon. Ce n’est pas le genre de chose que l’on dit quand on ignore d’où vient un espèce de truc un peu bizarre et moche. Cette pensée le fit d’ailleurs frissonnée et ce fut pour cette raison qu’il la poussa vers le lit tout en lui murmurant une idée qu’il trouvait fabuleuse. Mais visiblement, les idées de génies ne peuvent être comprises que par des génies. Ca ne devait pas être le cas de Rose ! Elle s’était tourné vers lui et lui avait filé une tape derrière la tête. « Aoutch ! » Et il se masse l’arrière de la tête alors qu’elle ne se gêna pas pour le réprimander tel un gamin. « Beauuu !! T'es ignoble ! C'est toi qu'on va jeter par la fenêtre. » Elle le repoussa pour rejoindre la bestiole. Ce qui n’eut pour effet que faire soupirer le jeune homme avec agacement. « Si ça se trouve, je peux voler. On essaye ? » De prime à bord, certains auraient pu prendre ça à la rigolade mais lorsque l’on connaissait le jeune Lennon, mieux valait se demander s’il n’avait pas une idée absurde derrière la tête. Il était fort probable que monsieur veuille se la jouer Batman dans les rues de San Francisco. Ou pire. Il fallait donc prier pour qu’il n’essaye pas de sauter du neuvième étage en hurlant un « JE VOOOOOOLE ». Un vrai gamin. Ou un fou. Personne n’était jamais d’accord sur le terme de toute façon.

Mais Rose devait s’en doute se moquer du fait qu’il tente un suicide par pur amusement. Elle était bien trop obnubilée par sa boule de poil. Et le pire, c’est qu’il ne savait pas encore tout sur la charmante histoire d’Oliver Twist ! « Je l'ai trouvé hier dans la rue, le pauvre petit était tout seul, abandonné... Je pouvais pas le laisser, tu comprends ?! C'était trop dangereux. » Dangereux ? Laisser un bébé dans la rue c’est dangereux, traverser sans regarder des deux côtés c’est dangereux, avaler des médicaments sans avoir lu la notice c’est dangereux… Mais laisser un truc miaulant dans la rue, c’est normal ! Il l’observa embrasser le monstre et grimaça à nouveau de dégoût, décidemment, elle avait mauvais goût cette fille. Il aurait du trouver quelqu’un d’autre. La cohabitation était vraiment difficile. « Je comptais t'en parler, je te promet, mais j'attendais le bon moment. En attendant je le laissais enfermé dans ma chambre parce... » Beau n’avait pas écouté un traitre mot de ce que venait de dire Rose. Ca ne l’intéressait pas. Enfin, ce n’est pas comme si quelque chose l’avait déjà intéressé un jour, si ce n’est les étoiles. Mais tout de même, il s’en voulait parfois de ne pas avoir le courage de se concentrer plus d’une seconde sur une conversation. Aussi ennuyeuse soit-elle. « BEAU !! T'es rentré dans ma chambre ?! Tu sais que t'as pas le droit, c'est pas possible ça, on peut pas te faire confiance. » A nouveau, les mots lui avaient échappé alors qu’il avait pourtant ses yeux rivés sur les lèvres de la jeune femme. Il se demandait s’il pouvait lire sur les lèvres. Et la réponse était non. Puis, son regard avait coulé sur le menton de la jeune fille et là, les questions les plus existentielles se mélangèrent dans sa tête. « Tu crois que je devrais me laisser pousser la barbe ? Je veux dire, y a des tas d’acteurs super sexy avec des barbes. Bon, c’est pas que je sois attiré par eux hein, je suis pas de ce genre. Enfin, je crois pas. AH MERDE. Tu crois que je pourrais être homosexuel sans le savoir ? C’est le genre de chose possible ? En même temps, pourquoi ça le serait pas… Même Marlon Brando il était gay ! Et c’est qui Marlon Brando ? En fait, c’est l’autre débile de… » Beau s’interrompit soudain en voyant Rose embrasser le chat tout en lui murmurant : « Viens Vilain, on s'en va, je le laisserais pas te faire du mal. » Et elle quitta la chambre, le laissant un peu hébété. Il resta un moment planté là sans trop oser réagir… Mais que pouvait-il faire après tout ?

Mais Beau sortit soudain de sa chambre et pointa du doigt la jeune femme avant de s’exprimer avec un peu trop de volubilité. « Je t’interdis de lui donner un nom ! On va pas garder cette chose et on va encore moins lui donner un petit nom. Et puis c’est quoi cette connerie ? Vilain ? Ceci dit, j’avoue, t’aurais pas pu trouver mieux ! Il est vraiment moche ton ch… TON TRUC ! Et je suis allergique d’accord ? Alors il va virer ses pattes de MON appart. J’espère que c’est bien clair. » Bien sûr, il n’était pas allergique et il ne le serait sans doute jamais. Mais la peur qu’il éprouvait envers ce genre de bêtes assoiffées de sang suffisait à lui filer de l’urticaire. Beau s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit en grand avant de sourire de toutes ses dents. « On dit que les chats retombent sur leurs pattes, on a qu’a essayé ! S’il survit, tu pourras le garder. Et franchement, c’est la seule condition Rose. Je te jure que j’accepterai jamais ton ch… Raaaah ! Je sais même pas dire le mot tellement c’est moche et ça me file la nausée. Bref, je l’accepterai s’il me prouve que c’est un vrai truc poilu qui retombe sur ses pattes et non une erreur de la nature. Mais je sais que c’est une erreur de la nature, y a que la regarder ! » Le jeune homme s’approcha alors de la jeune fille et de son fameux matou avant de froncer le nez et déclarer : « Mais qu’il est vilain le Vilain ! » AH NON ! Voilà, donner un nom à une bestiole c’est déjà l’adopter. Monde cruel.

« Bouge pas, je vais chercher la caméra ! » Le regard que Rose avait porté sur lui en prononçant ces mots était loin de l’atteindre. Elle avait beau être désespérée, cela n’allait certainement pas l’attendrir. Et son ton désapprobateur n’avait aucune chance de le faire trembler de peur. À vrai dire, Beau considéra cette idée avec beaucoup d’intérêt. Pourquoi pas, après tout ? Un court un instant, il se perdit dans ses pensées. Il s’imaginait ouvrir la fenêtre en grand, s’attacher quelques plumes sur le dos et déployer ses bras tel un aigle royal. Ensuite, dans un geste héroïque et non pensé, il se jetterait dans le vide en agitant ses membres. Et puis, le reste était nettement moins envisageable. Allait-il voler ? S’écraser au sol ? Le jeune homme eu largement le temps de s’imaginer les deux hypothèses. Dans le premier cas, il volait et toute la ville l’admirait en bas. Du neuvième étage, Rose le filmerait. Son air ne serait plus aussi coincé mais elle serait tout sourire et gueulerait à qui voulait bien l’entendre : « JE LE CONNAIS, C’EST MON COLOCATAIRE !! ». Cette image eu le don de le faire sourire. C’était bon de s’imaginer un monde où l’attraction réelle et la gravité ne voulait rien dire. Il vint ensuite à s’imaginer la seconde option. Son sourire disparut alors qu’il fronça les sourcils. Étalé de tout son long en bas de l’immeuble, dans une flaque énorme de sang, totalement désarticulé. Semblable à un Pinocchio abîmé, un Pinocchio qui n’aurait pas reçu la visite de la fée bleue. Et là, évidemment, il imagina Rose. Elle se moquait de lui et balançait la caméra de la fenêtre. Cette dernière retombant sur son corps disloqué. Cette image ne le réjouissait pas vraiment et ce fut sans doute pour cette raison qu’il brassa l’air d’un rapide mouvement de bras avant de déclarer : « Ca te ferait trop plaisir. Je vais rester ici, les deux pieds bien collés au sol. » A ces mots, il tapa du pied au sol et croisa les bras. On ne se moquait pas de lui aussi aisément, non mais !

Mais bien sûr, comme toujours, Beau ne s’arrêtait pas là et ses monologues n’en finissait plus. Avec le temps, il avait imaginé que Rose s’en était très bien accoutumé et que donc, elle savait quoi faire dans de pareil cas. A vrai dire, il n’y avait pas trente solutions. La première était de ne pas chercher de midi à quatorze heures et de le laisser dire sans chercher à l’interrompre. La seconde, ne pas l’écouter tout simplement et vaquer à ses propres occupations. La troisième, et bien… il n’y en n’avait pas. Si l’on voulait avoir la paix avec Lennon, il fallait prendre soin de ne pas chercher la petite bête mais surtout de fermer sa bouche afin de ne pas éveiller d’idées farfelues dans son esprit malade. Mais même si Rose connaissait ces manières d’agir, il lui arrivait parfois de perdre les pédales. Au plus grand bonheur de Beau qui avait enfin quelque chose à se mettre sous la dent. Rien que la posture qu’elle prit le fit sourire, quelque peu triomphant. Généralement, il ne faisait pas exprès d’exaspérer les gens. C’était sa manière d’être et sa façon de parler qui étaient irritants. Mais lorsque Rose était arrivée dans sa vie, il avait appris à être agaçant intentionnellement. Toutefois, il était le seul à le savoir car sa manière d’agir ne différenciait pas de d’habitude. « Pour commencer tu n'as rien à m'interdire Lennon c'est clair ?! Ensuite, je paye le loyer autant que toi, alors si je veux abriter un chat, je le fais ! Et si t'es pas content, tu n'as qu'à déménager, je ne te retiens pas. Mon "truc" est un chat et le dire ne va pas te tuer espèce de crétin, t'es pas dans Harry Potter là ! » Elle n’avait pas totalement tord. L’un comme l’autre payait le loyer et c’était autant son appartement que le sien. Il aurait du s’y habituer dès le début. Mais Beau était loin d’être ce genre de gars qui pense à tout. Bien au contraire. Il vivait les choses sur le moment et parfois, cela avait le mérite de le mettre dans de drôle de situation. Ceci expliquait pourquoi il n’arrivait pas à se faire à la présence de Rose. Il avait toujours l’impression d’être chez lui. Et que finalement, elle n’était juste là que de passage. Erreur. « Pour son prénom, je trouvais ça amusant de l'appeler ainsi. Beau & Vilain, c'est mignon non ? » Rose souriait alors que le jeune homme mimait une scène de peur ragoutante. Deux doigts au fond de sa gorge, ses yeux se révulsèrent alors qu’il laissa échapper quelques bruits étouffé. « Ca me donne juste la nausée. Et puis d’abord, dans Harry Potter, tu-sais-qui il préfère qu’on l’appelle Voldemort ! Et je ferais jamais le plaisir d’appeler ton truc par un nom qui le comblerait et le ferait agiter la queue ! ET BEAU ET VILAIN CA N’A STRICTEMENT RIEN A VOIR, MAIS ALORS LA, RIEN DU TOUT ! » Boudeur, le jeune homme croisa ses bras sur sa poitrine et fronça le nez mécontent. Comme si cela aurait un jour un quelconque effet sur la demoiselle. Mais bien sûr, Rose n’allait pas se faire avoir avec ses excuses bidon. Elle n’était pas suffisamment dupe pour le croire allergique au chat et il ne finit même pas regretter de ne pas l’être véritablement. Tout cela aurait été plus simple. « Et si t'étais allergique t'aurais déjà eu des réactions. Sale menteur ! » Les filles, elles étaient exaspérantes à toujours se croire plus intelligente que les autres comme ça. Beau avait bien du mal à supporter qu’on lui parle sur ce ton. Surtout pour dire des trucs aussi affligeants et l’insulter de menteur ! LUI ? Alors, ça, jamais ! « JE SUIS PAS UN MENTEUR ! De toute façon, même si j’avais été allergique, tu l’aurais gardé exprès ! Je sais que t’en veux à ma vie, je le vois bien dans ton regard. C’est pour ça que la nuit je m’enferme dans ma chambre. » Osa-t-il d’un ton d’aveux. Il s’enfermait bel et bien dans sa chambre. Peut-être qu’il avait vraiment peur de Rose, après tout. « Bon, je le fais aussi pour éviter que les montres de Monster & cie débarque à l’improviste. D’ailleurs, c’est pour ça que je n’ai pas de placard. J’aime pas vraiment qu’on vienne me déranger pendant que je dors. Et puis, les montres dans le placard me fond bien trop peur… toi aussi d’ailleurs, tu me fais peur ! T’as vu comment t’es agressive avec moi ? Je ne suis qu’un enfant ! » s’emporta-t-il au bord de l’indignation. Beau était en effet un enfant, plutôt elle le comprendrait, plus vite les choses s’arrangeraient entre eux. Il en était convaincu.

Mademoiselle décida alors de se prélasser sur SON canapé. Avec cette HORRIBLE chose ! Beau n’en revenait qu’il puisse oser faire ça. Comment avait-elle seulement pu ne serait-ce que l’imaginer ? Choquer, ses paroles dépassèrent sa pensée et il se laissa à quelques critiques massives. Ce qui, évidemment, ne plus guère à la princesse. « Si moi j'arrive à survivre en vivant avec toi, tu peux bien le faire avec chat ! Erreur de la nature toi-même. Pff ! » Non mais ça, c’était la meilleure. On ne mélange pas les torchons avec les serviettes ! Comment pouvait-elle dire de lui de pareilles horreur ? Ce n’était pas une erreur de la nature, c’était même un cadeau du ciel. Il fallait vraiment que cette fille revoit ses priorités dans la vie. Toutefois, Beau ne voulut pas relever et il se contenta de passer à autre chose en ce concentrant sur l’horrible matou que maintenait Rose entre ses bras. Et alors qu’il fronçait le nez d’un air écœuré, l’impensable se produisit. Rose colla la truffe de monstre à la tête du jeune homme. Lui chatouillant le nez de sa fourrure. Ce qui, bien sûr, eu le mérite de la faire éclater de rire. Hébété, il resta un moment sans bouger. C’était la première fois qu’il l’entendait éclater de rire de la sorte. Et, il n’aurait su l’expliquer, mais il aimait la mélodie de ce son. Toutefois, la petite remarque qu’elle lui asséna le ramena rapidement sur Terre. « Je crois qu'il t'adore déjà ! » « C’est pas drôle ! » Formula-t-il en éternuant. S’il n’était pas véritablement allergique aux chats, il devait tout de même éviter les poils en tout genre. Ca lui démangeait les narines, le faisait éternuer et quelques plaques rouges apparaissait sur son corps. Il aurait bien essayé de l’expliquer à la jeune fille mais il savait d’ores et déjà que c’était perdu d’avance. Il se contenta alors de reculer vivement et de s’asseoir sur une chaise qu’il plaça à côté de la fenêtre. « Je te préviens que si tu oses lui faire du mal Beau, ça va très mal aller pour toi. Et je ne plaisante pas, c'est un être vivant tu n'as pas le droit de le faire souffrir. Sinon je te jure que je prends ma caméra et que je te pousse par la fenêtre. Vilain est adorable, propre et câlin, je ne vois pas en quoi il te gênerait ! Je ne te demande pas de payer quoi que ce soit, ni rien. Si tu ne l'aime pas, ignore-le ! Mais ne l'approche pas. Sinon... ! » Beau leva les yeux au ciel. OUI MAMAN ! C’était peut-être ça la réponse qu’elle attendait ? Et bien, il était loin de pouvoir lui fournir alors elle avait intérêt à se calmer vite fait avec ses menaces pour bambins de deux ans ! « Sinon quoi ? Tu vas m’enlever mon caleçon et me mettre la fessée ? SUPER ! Je n’attends que ça. Sérieusement, Rose, tu aurais du me consulter. » Le jeune homme était devenu sérieux tout d’à coup. Ce qui n’était pas vraiment bon signe. Soit il allait repartir dans un monologue qui n’intéressait que lui et emmerderait la demoiselle jusqu’à la dernière minute. Soit, il allait devenir adulte et ça allait vraiment chiant et monotone. Quand Beau retombait les deux pieds sur Terre, la fantaisie dont il faisait preuve habituelle disparaissait. Aussi facilement que bonjour et finalement, les genres regrettait toujours sa fantaisie. « On va être obligé de se supporter, toi, moi et le… Ne me force pas à le dire ! Bref. Je propose qu’on instaure un règlement parce que ça va pas du tout cette histoire de chacun fait ce qu’il veut. Déjà, tu m’énerves. Avoir une fille chez moi c’est… J’aime pas les filles ! Vous êtes chiantes et vous faites que des trucs qui vous font plaisir à vous et non aux autres. C’est énervant. Enfin, tout ça pour dire qu’il faut qu’on apprenne à se connaître à minimum si on veut pas se jeter, tout deux, du neuvième. Deal ? » Chiant, chiant, chiant !