Je regrettait vraiment d’avoir déposé mon prénom dans cette urne et dire que j’avais cru que cela serait amusant et que je ferrais de nouvelles rencontres, je tombais bien bas. Nan parce qu’hier en m’endormant dans mon lit, j’avais imaginé un homme charmant, avenant et qui ne serait pas marié, j’avais imaginé une nouvelle amie vivace et drôle. Mais le but d’un tirage au sort c’était le hasard et ainsi, je ne pouvais pas changer ni me désister. J’aurais du y réfléchir au lieu de me lancer tête baissée. Sur 800 000 habitants, cela pouvait tomber sur n’importe qui et même sur lui. Certes, cela confirmait le fait que j’étais maudite mais aussi très peu maligne. J’avais envie de m’enfuir en courant parce que tous mes espoirs de trouver quelqu’un s’envolaient en fumée mais en même temps je ne voulais pas lui laisser le plaisir de savourer ma défaite. Je n’avais peur de personne, du moins pas de lui. Même si il me pourrissait la vie, même s’il m’empêchait de dormir, même si il me piquait mes news. Oui, j’avais beau ne pas supporter Mathis Dashwood, j’allais lui arracher sa fichue main et la tenir toute la journée et cela sans flancher, parce que c’étaient les règles du jeu parce que j’allais pouvoir prendre ma revanche et lui faire vivre un enfer. Je m’avançai vers lui, lumineuse, victorieuse pour lui montrait que rien ne m’affectait alors que lui restait de marbre, il n’était pas surpris, pas dérangé, il devait juste se dire qu’il allait encore devoir me supporter. « Bon » dis-je en souriant hypocritement alors que j’attrapais sa main et la tenais du bout des doigts. « Je ne sais pas ce que tu veux faire mais décide-toi vite parce que j’ai hâte que la journée se termine. »

Il y a des jours comme ça, où la meilleure idée que vous puissiez avoir, c'est de rester au lit. Des jours où la chance vous oublie complètement. Des jours comme aujourd'hui en somme. En y repensant, je me demandais bien ce qui m'avais poussé à participer à ce jeu. Peut être avis-je à tort pensé que la chance déciderait de me donner Wendy en partenaire, et que comme ça j'aurais pu essayer d'arranger ce qu'il restait de notre amitié. Mais non, au lieu de ça je devais me contenter de mademoiselle Jolene. Vous savez la voisine. Enfin, la plus chiante de mes voisines, parce qu'il ne me semble pas que Wendy soit aussi insupportable qu'elle. Enfin bref. Maintenant, je n'avais plus le choix. Et autant dire que si une chose me réjouissait dans tout ça c'était que j'allais pouvoir faire de la journée de Jolene un véritable enfer.

« Bon. Je ne sais pas ce que tu veux faire mais décide-toi vite parce que j’ai hâte que la journée se termine. » Tu veux un flash ?! On est deux à vouloir que la journée se termine. Non pas qu'elle va être ennuyeuse, loin de là mais je préférais encore passer la journée seul que mal accompagné ! « Pour l'instant, j'ai envie d'aller pisser, donc direction les toilettes. Après on verra » Après j'avais l'intention de lui faire faire tout les magasins possibles et inimaginables pour les mecs: boutiques de vêtements, d'informatique, de sport. Bref. Tout ce qui n'intéresse pas une fille normale. J'étais pas spécialement agréable avec Jo'. Après tout ce n'était que Jolene. ça aurait été une autre fille, plus jolie et moins enquiquinante, il est clair que je me serais comporté comme un vrai gentleman.

J’enlevai mon cardigan, une fois les portes du centre commercial passées. Au moins, il y avait un avantage à se trouver ici, il faisait beaucoup mieux à l’intérieur. Dehors, le temps compatissait à mon malheur et daignait se montrer compréhensif en soufflant un vent glacial pour la première fois depuis des mois. J’étais ravie d’avoir enfilé un cardigan parce qu’enlever un sweat en gardant la main de Matthys dans la mienne, aurait été une drôle d’affaire. Oui, la main de Matthys, celle que j’avais envie de serrer jusqu’à écrasement, jusqu’à ce qu’elle devienne violette (ce que je m’obstinais à faire d’ailleurs.). Tenir sa main ne me dérange pas autant que ça, ce qui me dérange c’est sa présence. Je ne peux pas l’expliquer, mais la moindre chose qu’il fait m’horripile au plus haut point. Je ne sais pas quand est-ce que cela a commencé mais je sais que depuis que j’ai emménagé ici, c’est la guerre. Une guerre longue, froide et sans repis. Et ce jeu, n’était pas une trêve, c’était une nouvelle arme avec laquelle nous allions nous battre jusqu’à la fin. Je le savais. C’est aussi pour cela que je ne fus pas surprise lorsqu’il déclara qu’il voulait aller aux toilettes, d’une manière plus que charmante. Il pensait me déstabiliser. Ce qui marchait pendant une fraction de secondes mais que je masquai aussitôt par un sourire moqueur. « bien sûr, t'as besoin que je te tienne la porte aussi ? t'es un grand garçon, ta vessie peut bien attendre un peu » alors que nous étions là, main dans la main, à cinq cents mètres l’un de l’autre.