J'aurais aimé que tu me le dise. Ne serait-ce qu'une fois. Tu sais, cette chose. Que tu avais besoin de moi. Si tu n'avais pas été aussi fier, ça aurait put marcher, toi et moi. Mais t'as tout gâché. Comme toujours. Depuis que je te connais, tu gâches tout. Tu ne peux pas imaginer le nombre de soirées que j'ai passé à pleurer parce que tu ne daignais même plus m'accorder un regard. J'étais tout prêt. Toujours tout prêt. Mais toi, tu étais comme la fumée de ces cigarettes que tu fumes, ces Black Stones dont l'odeur me revient encore aujourd'hui à mes narines : tu filais entre mes doigts et je n'étais jamais en état de te rattraper. Tu fuyais, comme si tu cherchais à t'éloigner, à me laisser tomber. Et au final c'est ce que tu as fait. Tu m'as laissé me démerder toute seule, un sourire accroché à tes lèvres quand tu voyais que je manquais de me noyer sous le flot des larmes qui roulaient sur mes joues. J'avais l'impression d'être porteuse d'une maladie mortelle et contagieuse. D'être un virus qu'il fallait à tout pris exterminer avant qu'il ne prenne de l'ampleur. Encore aujourd'hui je me demande si tu ne voulais pas me tuer à petit feu, au final. Je décortiquais le moindre de tes gestes, je l'observais pour pouvoir me le rappeler lorsque tu repartira, encore une fois. La façon que tu avais de fumer ta cigarette, la forme que prenaient tes pommettes lorsqu'un sourire se dessinait sur ton visage. Le son de ton rire. L'odeur qu'avait ta peau les rares fois où tu me prenais dans tes bras. La force de tes mains qui s'opposait à leur douceur. Le son de ta voix. Ta façon de marcher. Tout. Tout en toi a servi à me forger. Dans chaque situation dans laquelle je me trouvais, je me demandais comme toi tu aurais réagi. Aurais-tu ris? Te serais-tu énervé? Cette vielle femme qui n'arrivait pas à traverser, tu l'aurais aidé? Comment aurais-tu voulu que je fasse? Ce sont ces questions qui ont forgé ma vie. A chaque instant, je me les pose. Qu'est-ce que tu penserais si je te disais tout ça en face? Hein? Comment tu réagirais devant le tas de question que j'ai à te poser? Est-ce que, seulement, tu m'aimais? Parce que moi je t'aimais. Tu étais la personne la plus importante pour moi, à l'époque. Mais pourquoi est-ce que tu m'as abandonné? Pourquoi tu m'as laissé au Texas alors que toi, tu vagabondais dans tout le pays? Qu'est-ce que tu es devenu? Et surtout.. Est-ce que toi aussi, tu as déjà ressenti le vide qui se creuse dans mon ventre quand tu t'en va, lorsque tu étais loin de moi? N'ai-je seulement que compté un minimum pour toi? Est-ce que je t'ai déjà manqué? Malgré tout ce que j'ai subit, toutes mes crises de larmes lorsque tu nous quittais, il y a une chose qui n'a jamais changé et qui ne changera jamais. Je t'aime Papa.